Si l’héroïsme de ces deux sapeurs-pompiers pouvait faire réfléchir certains

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Le 12 janvier, vers 9 heures, on entend comme un grand choc dans notre appartement. On pense qu'un meuble est tombé puis, quelques minutes après, j'apprends qu'une énorme explosion au gaz s'est produite rue de Trévise et qu'elle a littéralement dévasté un immeuble avec, au rez-de-chaussée, "notre" boulangerie. Un champ de ruines, une totale dévastation.

Le quartier est encore interdit de circulation pour des vérifications dans les autres immeubles.

On dénombre quatre morts pour l'instant : deux civils et deux jeunes sapeurs-pompiers de 26 et 27 ans, qui étaient intervenus avec leurs collègues à cause de la fuite de gaz (France Info).

Le visage si sympathique de ces deux héros du feu serre le cœur, tant l'un et l'autre respiraient l'énergie et la droiture. L'un d'eux était marié et avait un enfant de trois ans.

Les pompiers sont des militaires au service des Français et aimés par eux.
Mais la multitude de leurs missions au quotidien, avec parfois le peu de médiatisation qui les entoure, pouvait nous laisser croire que le danger n'était pas toujours là, proche, imminent, présent, trop réel.

La mort de ces deux jeunes hommes ayant risqué leur vie pour nous - le président de la République a eu raison de leur rendre hommage en déclarant qu'ils ont donné leur vie pour sauver la nôtre - vient nous rappeler que notre admiration doit être d'autant plus éclatante, et notre peine sincère, qu'à chaque seconde ils sont menacés de perdre leur existence et que le péril pèse sur eux comme une ombre lancinante.

Douleur donc, ô combien !

Mais rage aussi.

Parce qu'immédiatement, quand j'ai appris cette double issue fatale, j'ai songé à certains quartiers de banlieues, à ces cités de non-droit où des jeunes gens haineux, irresponsables, en majorité français, il faut tristement l'admettre, s'en prennent aux pompiers, leur jettent des pierres ou des objets, les insultent parce qu'ils représentent la France officielle, institutionnelle.

Le jour où les agressions de ce type ont commencé a marqué le début d'une ère déplorable où plus rien ni personne ne serait respecté, plus aucun service public ne bénéficierait d'une immunité et où la République serait désarmée parce qu'elle avait quitté la tête et le cœur des voyous faisant régner la terreur sur des honnêtes gens apeurés.

Je ne me fais aucune illusion. La mort de ces deux admirables et admirés sapeurs-pompiers ne changera pas la mentalité perverse de ces cités d'où la France, son Histoire, ses grandeurs, ses héros anonymes ou célèbres sont absents.

On revendique des services publics qui marchent mais on les chasse au point d'imposer des policiers pour protéger les pompiers.

Douleur et rage.

Je ne voudrais pas qu'on oublie un jour ces deux victimes de leur devoir et tous ceux qui, ailleurs, sont empêchés de l'accomplir.

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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