Mélenchon, l’indépendantiste aux « pudeurs de gazelle »

L’Espagne, décidément, inspire la gauche française. Lors de la guerre civile, ils furent nombreux, se réclamant d’elle, à s’en aller épauler les forces républicaines espagnoles. Les velléités interventionnistes de Léon Blum ont, quant à elles, buté, à l’époque, sur l’opposition de la droite pour terminer en « non-interventionnisme ».

Tandis qu’une partie, difficilement chiffrable, des Catalans réclame aujourd’hui son indépendance, Jean-Luc Mélenchon a repris, à son compte, le nouveau terme à la mode de la politique européenne. Lui aussi, donc, est désormais indépendantiste.

S’il est indépendantiste, c’est pour ne pas avoir à se revendiquer du souverainisme, déclare-t-il dans Les Échos, car il est "utilisé dans un sens nationaliste qui ne convient pas à notre façon de voir".

D’ailleurs, l’indépendantisme du caudillo de la gauche française est à géométrie variable. Oui à l’idée de retrouver les leviers de commande confisqués par l’Europe, oui à la fin du dumping social, oui à « la sortie des traités, notamment des deux derniers budgétaires, qui sont les pires ». Mais non à l’idée d’un Frexit qui l’aurait rendu compatible avec Florian Philippot et, dans une moindre mesure, avec Marine Le Pen. C’est probablement ce qui s’appelle "avoir des pudeurs de gazelle".

Féru d’Histoire et doté d’une culture générale et politique tranchant avec les carences de la plupart de ses congénères, Jean-Luc Mélenchon y est allé de sa comparaison historique : "À présent, nous voici plus proche du modèle du Saint Empire romain germanique que de la marche vers la République universelle à laquelle je rêvais. De plus, la France roule à contresens. En quoi serions-nous plus proches des pays baltes que nous ne le sommes des pays francophones de la Méditerranée comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie ?"

Doit-on réellement le lui expliquer ?

Mélenchon, jamais à l’abri d’une contradiction, jusqu'à citer Thatcher (« I want my money back »), rejette l’idée que la France puisse continuer à être un contributeur net au budget européen : "Nous sommes l'un des derniers pays en procédure de déficit excessif, et dans le même temps nous versons 20 milliards au budget européen pour n'en récupérer que 14 milliards. 6 milliards de dons ! Cela s'appelle une dépense somptuaire. Payer des routes aux Roumains et des aéroports aux pays baltes, c'est utile, mais ce n'est pas dans nos moyens actuels." On avait connu la gauche plus généreuse.

En fin stratège, le leader de La France insoumise s’essaie à une nouvelle stratégie politique : la « triangulation radicale ». Seulement, en se déclarant indépendantiste (pour ne pas avoir à revendiquer le souverainisme), Jean-Luc Mélenchon est en retard d’une guerre : c’est désormais de son identité que le peuple de France souhaite qu’on lui parle.

Gregory Vanden Bruel
Gregory Vanden Bruel
Conseiller politique

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