Avec toute la polémique qui l'a précédée et surtout le désir, chez certains, de bâillonner la liberté d'expression des autres, on avait hâte de découvrir la nouvelle émission sur CNews avec Éric Zemmour.

Après une première partie d'émission servant de mise en bouche et dans laquelle on sentait poindre chez le polémiste des envies de se lâcher, vint le moment tant attendu, le face-à-face Zemmour/Sifaoui.

Tout d'abord, il faut adresser nos félicitations à Christine Kelly qui devait déployer toute sa capacité de modération dans un exercice pas du tout évident. Il y a peut-être eu des approximations, mais dans l'ensemble, elle a bien tenu sa séquence.

Mohamed Sifaoui démarre les échanges tambour battant en essayant de cornériser Éric Zemmour ; cette tentative allait le fragiliser pour la suite, puisqu'il s'installait derechef comme le challenger. Ce rôle oblige à multiplier les attaques ; c'est ce qu'il a fait, durant tout le face-à-face. Il a été tellement agressif que les téléspectateurs n'arrivaient plus à suivre son argumentation.

Sifaoui est venu sur l'« octogone » avec trop d'a priori et il s'est laissé entraîner dans des extrapolations périphériques au débat sans se concentrer sur les thématiques proposées par la modératrice.

Éric Zemmour avait le meilleur rôle : constamment attaqué, il se contentait de répliques bien placées. Son contradicteur ne lui laissait jamais le temps de développer son argumentation.

À ce jeu, son expérience de polémiste lui a été très utile puisqu'il insistait sur le factuel quand Sifaoui voulait imposer les sujets périphériques. L'exemple de la maman voilée en Bourgogne a permis de clarifier les postures. Le factuel pour Zemmour, qui a déploré la situation dans laquelle s'est mise la mère, mais a accusé la République d'en être responsable puisque le législateur laisse des doutes dans les textes. En face, Sifaoui joue sur le périphérique, l'enfant qui pleure, vous n'avez pas de cœur M. Zemmour... pfff !

Mohamed Sifaoui avait aussi contre lui la parfaite maîtrise de certaines sourates du Coran par Éric Zemmour. Ainsi, lorsque le polémiste citait celles qui valident et encouragent la radicalisation dans cette religion, la réponse consistant à dire que cette vision rigoriste ne concerne qu'une infime partie des musulmans ne pouvait pas tenir. Soit le Coran est le livre sacré de tous les musulmans, soit il faudra que les modérés réécrivent le leur, car certains passages guerriers donnent raison à Zemmour.

Ils doivent se retrouver pour un match retour. Espérons que Sifaoui se sera mieux préparé.

Finalement, on aura passé un bon moment pour une première, on a hâte de voir la suite.
Bravo, CNews !

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15 octobre 2019 à 7:54

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