Xavier Raufer : « Chasse aux Roms en Seine-Saint-Denis : on ne nous informe pas sur les agresseurs ! »
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Des rumeurs d'enlèvement d'enfants ont provoqué de violentes scènes de chasse à l'homme contre la communauté rom, en Seine-Saint-Denis.
Pour Boulevard Voltaire, Xavier Raufer analyse ce fait divers inquiétant, survenu dans des "quartiers hors contrôle".
https://www.youtube.com/watch?v=FUA3r4fgMhU&feature=youtu.be
Une rumeur véhicule que des Roms auraient enlevé des enfants, conduisant à une véritable chasse aux Roms et à des lynchages par des habitants de quartiers dits "sensibles". De quoi s’agit-il ?
Ce que je dis ne concerne, bien entendu, pas tous les Roms. Certains vivent de petits boulots à droite et à gauche, mais une minorité parmi eux est criminalisée et vit de rapine. Il m’arrive, à Paris, d’être le témoin d’une scène étrange où des hommes et des femmes descendent d’une camionnette blanche, immatriculée en Roumanie, et prennent ce qui se trouve à leur portée, des vélos par exemple, et disparaissent avec. J’imagine que tous les vélos en question ne leur appartiennent pas...
Il est possible que, faisant par hasard une allusion libidinale à une jeune habitante du quartier, comme ils ont l’habitude de le faire, les frères de cette jeune habitante se soient émus. Nous vivons dans un contexte qui a peu à voir avec la société qui est la nôtre. C’est un système encore assez largement tribalisé dans lequel la horde entière protège tous ses enfants.
Si la jeune habitante revient en disant qu’un Rom lui a mal parlé, alors tous les frères et les cousins se coalisent, foncent sur les malotrus et leur cassent la figure. Ils font cela régulièrement avec les flics, les gendarmes, les élus municipaux et les pompiers. Je ne vois pas pourquoi ils se priveraient de le faire avec les Roms. Pour les habitants de ces quartiers, ce sont des envahisseurs, c’est leur quartier et on n’a pas à regarder leur sœur de travers.
On est un peu dans un contexte XVIIIe siècle en ce qui concerne les mœurs. C’est très exactement cela qui s’est passé.
Les médias ont fait preuve d’une prudence extrême pour qualifier ce fait divers. On ose imaginer leur réaction si une bande de Blancs d’extrême droite s’était amusée à faire une chasse aux Noirs ou aux Arabes. On imagine, d’office, les réactions de la classe médiatique. Pourquoi cette prudence ?
On n’est pas dans la prudence, on est dans la censure à 100 %. J’ai lu tous les articles qui parlaient de cette affaire. Le vocabulaire est éloquent. Un individu, c’est un homme, donc ce n’est pas politiquement correct. Une personne, c’est merveilleux. À la fois, ça anonymise et c’est féminin. Ça a toutes les qualités du monde.
Quand vous lisez les grands médias d’information ou les sites d’information, il n’y a absolument aucune espèce d’information sur les agresseurs et sur les lyncheurs. Il n’y a rien. Seule une dépêche de l’agence Reuters - ils sont peut-être un peu moins coincés de ce côté-là. Cette dépêche dit que "dans les banlieues, des bandes sont intervenues à l’encontre des Roms". Je vous l’ai dit tout à l’heure et cela ne fait absolument pas l’ombre d’un doute.
Je connais un certain nombre de policiers et de magistrats de terrain. Ils me disent que la bande de la cité X ou Y a l’habitude de vendre du cannabis ou des objets volés au marché aux voleurs. Ils servent aussi, le cas échéant, de milices islamistes quand il faut protéger, ou au contraire attaquer des gens qui ne sont pas de leur goût. Ces gens-là sont descendus dans la rue et s’en sont pris à des gens qui étaient censés avoir kidnappé des enfants.
Qu’ils volent des bicyclettes ou qu’ils pillent les poubelles, pourquoi pas. D’ailleurs, ils le font. Je n’ai pas l’impression que la crainte du kidnapping d’enfants pour faire de la chirurgie ou leur enlever les organes ou pour la prostitution soit une crainte médiévale...
Nous ne faisons pas partie des médias "mainstream", mais nous avons été étonnés de ne pas voir cette question-là se poser. Est-ce une preuve de la libanisation de la société française ? On revient, comme vous l’avez évoqué, à des phénomènes de guerres tribales.
C’est simple. On nous chante la même chanson depuis trente ans.
Les quartiers perdus de la République, la reconquête des quartiers de la République... Depuis le rapport Bonnemaison, jusqu’au moment où Mitterrand a été élu, on nous chante la même chanson. Toujours est-il que les quartiers en question sont hors contrôle !
Au moment où on a fait le premier décompte de ces quartiers, il y en avait une petite centaine. Chaque année, nous en avons de nouveaux et, maintenant, nous en avons plus de 700. On y retrouve vente de drogue, contrôle sur ces quartiers et règlements de comptes entre malfaiteurs, c’est-à-dire tout ce qu’on voit quotidiennement dans l’actualité.
Dans un quartier, une maison avait été squattée par les Roms. Cela ne plaisait pas aux jeunes du coin, alors ils les ont virés. Là, d’un seul coup, ils sont passés au stade supérieur. Quand on est hors la loi, quand on est hors du système légal stricto sensu, l’échelle des peines est extrêmement limitée. C’est une échelle avec deux barreaux, "Je vous casse la gueule ou je vous tue". Naturellement, les jeunes en question n’ont pas la capacité de donner une contravention à qui que ce soit ou même de mettre quiconque en prison, ils vous cassent donc la figure une première fois pour montrer leur mécontentement. Ensuite, ils vous tuent.
Une fois de plus, tout cela est normal quand on laisse une telle situation se développer. Il ne faut pas s’étonner qu’ultérieurement, des exactions comme celles-ci s’y commettent.
Le président de la République actuel, monsieur Macron, a commencé vaguement du bout des lèvres à faire semblant de s’intéresser à l’affaire des politiques de la ville et des quartiers sensibles. Il utilise tous les euphémismes pour éviter de parler de quartiers hors contrôle et de racailles déchaînées. On voit ce que cela donne. Il a très vite dédaigné tout cela et a envoyé monsieur Borloo à ses chères études. Tout ce que disait monsieur Borloo n’était pas idiot. Il faut, prioritairement, remettre de l’ordre dans ces quartiers et ensuite mettre à disposition des maisons pour les mamans, pourquoi pas. Il faut rétablir l’ordre. Tant que l’ordre ne sera pas rétabli dans les quartiers, il y aura des exactions, comme à Grenoble ces derniers temps.
On fait un peu attention parce que l’angoisse des médias est terrible. Il y a deux sortes de gentils qui se sont affrontés et qui se cassent la gueule les uns les autres. Ces victimes de l’exclusion et du racisme devraient s’adorer les unes les autres et être sous la houlette d’une espèce d’abbé Pierre métaphysique. Au lieu de cela, ils s’entre-tuent. Cela ne va pas du tout. Ne sachant pas quoi dire, ils ne disent rien, et surtout pas la réalité.
Est-ce cette réalité qui fait buggerle logiciel idéologique de ces gens-là ?
Bien entendu. D’autant plus que, comme je l’ai déjà dit cent fois, la situation de ces médias est très mauvaise. Ils nous racontent ce qu’ils veulent. Vous passez, en vingt ans, d’abonnement papier à 250 euros à des abonnements électroniques à 30 euros. À la fin, vous avez moins d’argent. De plus, la pub ne suit pas derrière, parce que ces médias sont moins lus.
Qui a envie de lire la Pravda ? Personne !
Plus il y a du politiquement correct, moins les gens lisent ces journaux-là et trouvent d’autres moyens pour s’informer. Je peux vous dire que mes enfants n’ont jamais acheté un de ces journaux. Ils s’informent autrement. Lorsque je leur pose des questions, ils savent les choses. Les jeunes générations savent autant que la génération d’avant. Manque de bol pour Le Monde, ils ne le lisent plus. Quant à Libération, si l’État ne l’arrosait pas de millions et de millions d’euros chaque année, cette lamentable publication aurait déjà disparu depuis des années.
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