Violences policières : flics au bord de la crise de nerfs

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Il ne fait pas bon être flic en France, en novembre 2020... Même si ce mal-être ne date pas d'hier, après le désespoir des commerçants, restaurateurs, libraires, patrons de bars et de boîtes de nuit, hôteliers, voici le suicide programmé et les déprimes à venir chez les forces de l'ordre.

Il n'en n'a pas toujours été ainsi. De quoi, presque, regretter l'époque Castaner et ses gilets jaunes. Pas de mises sous écrou aussi systématiques, de convocations hiérarchiques immédiates, de réactions aussi épidermiques pour un éborgné ou un estropié sur les Champs-Élysées. Jusqu'à l'affaire Traoré et son soutien venu d'ailleurs, le mouvement des Black Lives Matter. Des forces de police à genoux qui ne s'en sont finalement pas relevées.

Ce qui s'est passé dans le studio de musique de Michel Zecler, il y a une dizaine de jours, reste, quoi qu'on en dise, un mystère à éclaircir. Tous les éléments ne sont pas connus, l'enquête est ouverte et les soupçonnés déjà sous les verrous pour trois d'entre eux. À peine le temps de souffler pour Gérald Darmanin qui, décidément, ne dételle pas...

Une belle aubaine que ces deux affaires concomitantes qui tombent à point nommé pour pétarader à temps le projet de loi sur la sécurité globale et son article 24... Il paraît, selon certains, qu'en France, « tout le monde déteste la police ». Qu'on en juge à la lecture de certains faits divers relatés dans la presse ces dernières semaines :

- samedi soir, lors de la manifestation contre la loi et la sécurité globale, plusieurs policiers ont été roués de coups. L'un d'entre eux, tombé au sol, est littéralement lynché. Un de ses agresseurs, visage dissimulé, commente : « Alors, petite salope, on l'a baisé, ton collègue... »

- en Seine-et-Marne, il y a trois jours : trois policiers ont été pris à partie et sérieusement blessés alors qu'ils arrêtaient un chauffard (7 balles tirées, une des victimes sera plongée dans le coma).

- 13 octobre, à Herblay : deux policiers roués de coups et blessés par balles par trois individus lors d'une opération de vérification. Le même Gérald Darmanin, à cette occasion, prendra le temps de préciser : « Ces policiers ont été littéralement massacrés. »

- le 5 novembre, aux Ulis : c'est une policière, une femme, qui a été gravement blessée après avoir été percutée par un chauffard. À cette occasion, le ministre de l'Intérieur rappellera qu'en France, plus de 20 policiers sont agressés quotidiennement.

- dans la nuit du 13 au 14 novembre, c'est, en plein confinement et lors d'une fête sauvage dans le Val-de-Marne rassemblant 400 personnes, que des policiers intervenus sur les lieux ont été violemment pris à partie. Aucune interpellation...

- À Auchy-les-Mines, il y a trois jours, un policier s'est fait percuter par un chauffard en situation irrégulière qui refusait de se soumettre à un contrôle.

Sans compter ces recrudescences d'attaques de commissariat des derniers jours, et toutes les autres agressions qu'il est impossible de citer ici dans leur ensemble.

Bien sûr, on entre dans la police en connaissance des risques du métier, bien sûr, les libertés individuelles méritent d'être défendues et les ripoux punis. Mais les tribunaux et les avocats connaissent leur métier. Justice ne doit pas être faite dans les colonnes des journaux, sur les plateaux télé ou lors de manifestations. Ne pas soutenir, se défiler, lâcher en pâture quelques policiers, les désarmer systématiquement c'est se comporter en Ponce Pilate sous pression de la rue et des médias. Une tactique qui ne pourra pas durer éternellement. Et qui finira par lasser. Lorsque gendarmes et policiers décideront de décrocher, il sera trop tard.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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