Vidéoprotection aux abords des écoles : et si on commençait par en identifier les causes ?

école st Brévin

Laurent Wauquiez vient de présenter son pack « Sécurité-écoles » doté de 10 millions d’euros qui seront alloués aux écoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes. À l’occasion d’un discours d’allure presque martiale, le président de la région explique gravement que « nos écoles sont, et doivent toujours rester, des sanctuaires. Mais, comme partout, on voit depuis quelques années la situation se dégrader : trafic de drogues aux abords des établissements scolaires, bagarres à proximité, dégradations, vandalisme... Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, nous devons protéger nos enfants. C’est tout le sens de ces nouveaux dispositifs qui permettront, comme nous l’avons déjà fait pour nos lycées, de sécuriser nos écoles et d’accompagner tous les maires de la région qui font le choix d’agir contre l’insécurité », rapporte Lyon Mag.

Et de détailler une aide régionale qui pourra s’élever jusqu’à 65.000 euros par commune pour la sécurisation des écoles. Un dispositif qui passe par le graal de la sécurité, l’installation de caméras de vidéoprotection, le remplacement de celles qui sont obsolètes ou vandalisées (tiens donc, mais par qui ?), l’installation de bornes anti-véhicules béliers ainsi que d’autres dispositifs anti-intrusion dans les écoles. Pour prévenir quoi ? Les attentats comme ceux que notre pays a maintes fois connus ? Les fusillades de masse comme aux États-Unis ? Ou l’intrusion de bandes venues venger un petit frère puni (vaguement) parce qu’il avait agressé une maîtresse ?

On serait tenté de dire que ce n’est pas sérieux. Ce genre de mesure ressemble furieusement à un cautère sur une jambe de bois : en quoi cela pourra freiner l’insécurité galopante et la délinquance qui s’invitent régulièrement aux abords des écoles, mais aussi, mais surtout, à l’intérieur de celles-ci ?

Une attitude de matamore sécuritaire qui, à coups d’effets de manche, évite de s’attaquer à la source de cette violence et de cette délinquance juvéniles. Serait-ce trop risquer, politiquement, que de dénoncer les causes de cette violence exponentielle ?

En 2018, l’agression très violente d’un professeur au lycée Édouard-Branly de Créteil avait déclenché le #PasDeVague : les enseignants avaient alors levé le coin du voile et les réseaux sociaux avaient bruissé d’épisodes d’agressions multiples, verbales et physiques, qu’ils subissaient quotidiennement dans toute la France, dans l’indifférence quasi générale et très souvent sans le moindre soutien de leur hiérarchie qui applique rarement les sanctions données aux élèves violents.

Des caméras de surveillance placées à l’entrée du lycée auraient-elles changé quelque chose ? Cinq élèves avaient alors été renvoyés, ce qui aujourd’hui constitue, dans notre société faible, une forte sanction. Ils avaient ensuite été déplacés dans un autre établissement…

Récemment, à Pacé, près de Rennes, un élève de CM2, donc âgé de dix ans, a agressé physiquement sa maîtresse, les enseignants se sont mis en grève. En 2018, dans une école de Villejuif, un incident similaire avait déjà eu lieu avec un élève du même âge.

À Corbeil, dans l’Essonne, une enseignante d’histoire-géographie du lycée Chantemerle est placée sous protection policière depuis qu’elle a été menacée de subir le sort de Samuel Paty : une élève avait jugé une réflexion de ce professeur offensante pour l’islam.

Le psychiatre Maurice Berger, spécialiste de la violence juvénile, explique dans ses ouvrages que la violence est souvent le seul moyen d’expression voire d’interaction sociale que connaissent des jeunes et des enfants issus de l’immigration et donc d’une civilisation exogène à la nôtre. Le modèle valorisé est celui du clan, de la tribu, où l’on se fait uniquement respecter par la violence. La pédagogie, le dialogue, l’enseignement sont des marques de faiblesse pour ceux qui ne maîtrisent suffisamment pas la langue pour exprimer ce qu’ils ressentent, pour élaborer une pensée, une réflexion. La moindre limite, la moindre contrariété, le moindre cadre civil leur sont intolérable parce qu’ils leur sont inconnus. Et l’irénisme du vivre ensemble, cette utopie aveugle et criminelle, n’a fait que fortifier ces obstacles.

Les frontières entre l’Europe et le reste du monde sont ouvertes en grand, celles de la France ont été quasiment effacées : la conséquence majeure, ce sont nos enfants qui la supportent, obligés de vivre dans un monde, le leur, quotidien, forcément restreint, hérissé de barrières, de murs, de chaînes et de caméras, pour tenter de se protéger d’un ennemi… qui est déjà dans les murs.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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