Un tournant dans l'histoire de la Ve République : le Front national a finalement réussi à conclure une alliance avec un autre parti politique. Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, vient en effet d'annoncer son ralliement à Marine Le Pen au prix d'une nomination à Matignon en cas de victoire et d'une évolution gaullienne du programme présidentiel.

Il n'en fallait pas plus pour que la classe politique voue l'ex-candidat aux gémonies, comme s'il était un nouveau Franz von Papen ouvrant les portes du pouvoir à la bête immonde. Notons que la plupart de ces moralistes ont rallié Emmanuel Macron, sitôt le résultat de leur débâcle annoncé.

Leur inquiétude est compréhensible car, bien que Nicolas Dupont-Aignan soit un "petit" candidat, le ralliement de ce gaulliste au FN revêt un sens symbolique indéniable alors que le reste de la droite s'est portée vers Macron. Cela sonne le glas de la "droite classique", qui se divise désormais en deux familles irréconciliables : la partie "modérée" d'inspiration centre-droitiste qui rejoint En Marche ! et la branche "dure" souverainiste et gaulliste qui fait le choix d'une alliance avec le FN.

"Nicolas Dupont-Aignan est mort et archi-mort politiquement", commentait un éditorialiste sur BFM TV. Que dire, alors, de cette "droite modérée" compromise par son soutien à Macron ? Quelle légitimité et quel crédit aura-t-elle pour s'opposer aux décisions d'un gouvernement qu'elle aura concouru à mettre au pouvoir? Ce n'est pas Dupont-Aignan mais bien la droite française qui est "archi-morte". Affaiblie, impopulaire, divisée, quel pourrait être son avenir sinon la partition ?

Il n'est pas exagéré d'affirmer que nous allons vers une bipolarisation de la vie politique durant le quinquennat à venir, quel que soit le vainqueur dimanche. Emmanuel Macron et Marine Le Pen concentrent désormais l'essentiel du jeu politique. La droite en est la grande perdante. Ramenée au rang de force politique secondaire, elle devra inévitablement se prononcer sur son positionnement entre les deux blocs politiques qui se dessinent : rallier ouvertement Emmanuel Macron ou bien emboîter le pas à Nicolas Dupont-Aignan pour rejoindre un large front patriotique afin de peser face au chimérique front républicain.

C'est aux ténors LR que reviendra le choix, notamment à ceux qui ont la réputation d'appartenir à la frange "dure" de la droite. Le choix d'une alliance avec le FN représente la seule chance de survie pour les idées conservatrices et souverainistes de droite qui, sans cela, se verraient phagocytées par le courant centriste, à l'instar des droites européennes ayant préféré policer leur ligne politique pour aboutir à un européisme chrétien-démocrate.

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01 mai 2017 à 14:06

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