La question du mariage gay et de ses conséquences s'est imposée dans le débat de la primaire de la droite et du centre, et il faut s'en féliciter. Plus de trois ans et demi après le vote de la loi Taubira, le sujet est loin d'être une page tournée. Comme l'annonçaient les opposants à cette loi, ont surgi dans la foulée du vote sur le mariage une série de nouvelles revendications pour élargir l'accès à la PMA aux couples de femmes et ouvrir un « débat » sur la GPA. Mais d'autres enjeux, beaucoup plus préoccupants, sont en réalité à l'œuvre derrière ces revendications.
Le débat sur le mariage gay pose la question centrale de la filiation et de l'intérêt de l'enfant.
La loi Taubira a généré une confusion sur le statut du « parent », puisque la loi a mis sur un pied d'égalité la parenté d'intention et la parenté biologique, qui est celle de l'engendrement humain.
Or, ces deux statuts sont distincts :
La parenté est le statut des parents qui sont à l'origine de la conception d'un enfant ; un enfant possède un père, une mère, c'est-à-dire ceux qui l'ont engendré.
La parentalité est le processus éducatif, qui peut s'appliquer éventuellement à des personnes extérieures à la filiation de l'enfant, mais qui s'impliquent dans son éducation lorsque les parents sont défaillants.
Cette confusion entre parenté et parentalité est très grave, au regard de l'anthropologie, mais aussi au regard de l'intérêt de l'enfant. On ne ment pas à un enfant sur ses origines, on ne l'ampute pas d'une partie de sa filiation sans le flouer d'un droit fondamental : celui de connaître ceux qui sont à l'origine de sa conception.
Or, la loi Taubira a conduit à cet amalgame intenable, qui ne peut se faire qu'au détriment des enfants eux-mêmes.
Aujourd'hui, le processus de recherche « d'égalité des droits » conduit nécessairement à la PMA et à la GPA : c'est-à-dire, en réalité, à la conception d'enfants délibérément privés de père (PMA) pour être rendus adoptables en France. C'est un détournement de l'adoption. Et à la GPA, c'est-à-dire à la marchandisation de l'enfant, objet de contrat entre commanditaires et mère porteuse : cette pratique est, d'ailleurs, condamnable en soi, qu'il s'agisse de répondre à un désir d'enfant de couples homosexuels ou hétérosexuels.
Mais cette pratique est, aujourd'hui, sur le devant de la scène, du fait du débat sur le mariage homosexuel, et certains ne cachent plus leur souhait de la voir légalisée.
À travers cela se posent des questions essentielles : allons-nous vers une disparition pure et simple de la parenté, c'est-à-dire la négation du rôle essentiel de la conception dans le développement de l'enfant ? La suppression de la reconnaissance du rôle essentiel du père et de la mère ?
Certains sociologues n'hésitent pas à l'affirmer purement et simplement : la filiation biologique ne serait, pour les partisans de la PMA et de la GPA, qu'un simple apport de gamètes, sans portée, sans conséquence pour l'enfant. Ce qui conduit Irène Théry, sociologue, tête pensante de la loi Taubira, à affirmer que « deux femmes sont les mères de leur enfant ».
La conception d'enfant hors-sol, hors conjugalité, hors sexualité, conduit à ce type de dérives. Elle remet gravement en question la filiation humaine.
Les politiques doivent se saisir de ces questions essentielles, car elles conditionnent l'avenir de notre humanité. La question la plus importante est celle-ci : quelle humanité voulons-nous construire pour nos enfants ?
Il paraît nécessaire de réenraciner la filiation, comme il faut réenraciner la culture ; ces domaines sont inextricablement liés. Un pays qui se coupe de ses racines n'a pas d'avenir, comme un enfant qui, coupé de ses racines, ne peut grandir ni se tenir debout.
C'est le défi et l'urgence qui nous attendent, dont les politiques vont devoir se saisir.
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