Valérie Pécresse, contrairement à ce qu’a écrit Le Canard enchaîné le 29 juillet dernier, n’a pas dit lors d’une réunion publique au Blanc-Mesnil le 8 juillet que l’« on doit pouvoir donner aux musulmans ce qu’on donne aux Français et aux Juifs » et l’on s’en réjouit. C’est ce qu’affirme clairement dans un communiqué du 6 août, publié sur son site de campagne « #jaichoisiValérie », la tête de liste des Républicains. Ce communiqué cite entre guillemets les propos que l’ancienne ministre aurait réellement tenus. Les voici : « c’est évident, ce que l’on a demandé aux catholiques et aux juifs par le passé, on doit pouvoir le demander aux musulmans de France. Mais ce qu’on a donné aux catholiques et aux juifs par le passé, on doit aussi pouvoir le donner aux musulmans de France, dès lors qu’ils s’intègrent dans les principes de la République. Tout ça, c’est des sujets dont il faut que nous parlions. Tout ça, c’est des sujets de discussion. »
Fort bien. Alors discutons, et sur la base de ces propos.
On notera tout d’abord que les fidèles de la religion Réformée ont été oubliés par Mme Pécresse. Un détail, me dira-t-on. Nous n’en ferons pas une histoire, mais cela méritait d’être noté.
Mais qu’a-t-on donné aux catholiques et aux juifs que les musulmans n’auraient pas aujourd’hui ?
Les lieux de culte ? Ceux construits avant 1905, on ne les a pas donnés mais confisqués et depuis lors, les pouvoirs publics (État, départements, communes) les entretiennent. Ce qui est la moindre des choses : lorsque l’on s’approprie un bien, il faut assumer. Rappelons d’ailleurs que ces édifices furent érigés à travers les siècles, grâce à la générosité des fidèles et non de l’Etat, encore moins de celle de la République qui, en la matière, fut meilleure destructrice que constructrice, si l’on veut bien se souvenir des « excès » de jeunesse de Marianne ! Quant aux églises, synagogues et temples protestants construits après 1905, ils sont à la charge totale des associations cultuelles.
Les écoles confessionnelles sous contrat ? Les dispositions d’aides prévues par la loi s’appliquent quelle que soit la confession et bénéficient donc déjà aux musulmans : traitements des enseignants, dépenses de fonctionnement et d’investissement dans une certaine mesure.
La liberté d’exercer son culte ? Évidemment, les musulmans l’ont comme toutes les autres religions dans ce pays.
Ainsi, dire, comme l’affirme Mme Pécresse, que l’on doit pouvoir donner aux musulmans ce que l’on a donné par le passé aux catholiques et aux juifs, revient tout simplement à dire que l’on va vous donner ce que vous avez déjà ! Un nouveau genre de promesses électorales… Un racolage communautariste à bon compte qui doit faire pâlir d’envie les socialistes qui pour l’instant détenaient la palme. L’art de parler pour ne rien dire ou de promettre la lune.
Enfin, Mme Pécresse pèse-t-elle bien ses mots lorsqu’elle dit : « ce que l’on a demandé aux catholiques et aux juifs par le passé, on doit pouvoir le demander aux musulmans de France » ? « Demander » ? Doux euphémisme pour dire imposer par la force, notamment pour les catholiques. Mme Pécresse entend-elle que les musulmans subissent le « parcours républicain » que l’on imposa aux catholiques dans ce pays qui pourtant avait été façonné par le christianisme ? Un parcours fait de confiscation, d’expulsion et finalement de séparation.
Il faut que nous en parlions, effectivement.
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