Valérie Pécresse contre les aides au transport pour les étrangers en situation irrégulière

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Si l'on peut regretter que Valérie Pécresse ait mis de côté les valeurs sociétales qu'elle avait défendues contre le mariage pour tous, il faut reconnaître qu'elle est fidèle à ses engagements de présidente de la région Île-de-France. Elle avait fait voter, en 2016, la suppression des aides au transport pour les étrangers en situation irrégulière, titulaires de l'aide médicale d'État (AME). C'était compter sans le zèle d'un conseiller général EELV, à l'origine d'un recours devant le tribunal administratif de Paris, qui a invalidé cette décision.

N'accablons pas la Justice, qui n'a fait que tirer les conséquences de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU), adoptée le 13 décembre 2000, sous le gouvernement de Lionel Jospin. Elle prévoit, notamment, une réduction des tarifs de transport d'au moins 50 % applicable en dessous d'un certain niveau de ressources, quelle que soit la situation administrative du bénéficiaire.

À l'époque, le problème de l'immigration était moins d'actualité : l'eût-il été, il est peu probable que le ministre qui la portait, le communiste Jean-Claude Gayssot, en aurait tenu compte.

Les titulaires de l'aide médicale d'État bénéficiaient auparavant d'une réduction de 75 % sur le prix du passe Navigo. Le coût de cette réduction se montait à 43 millions d'euros en 2015 : tout laisse à penser qu'il serait beaucoup plus important en 2018. Ainsi, des étrangers en situation irrégulière vont-ils profiter de la solidarité des contribuables alors que tant de Français sont sous le seuil de pauvreté ou ont du mal à joindre les deux bouts.

Le conseiller régional EELV ne cache pas sa joie : "Ce n'est pas tous les jours qu'on a des décisions qui s'appliquent à rendre la vie plus facile à des gens en situation de précarité." Valérie Pécresse a fait appel, mais peu de chances que la décision soit différente si elle se réfère à la loi SRU. Aussi la présidente de la région a-t-elle demandé au gouvernement d'introduire, dans le cadre de la loi Asile et Immigration, une modification législative qui conditionne l'obtention de la tarification sociale dans les transports à la régularité du séjour sur le territoire.

Il est évident, comme le souligne Valérie Pécresse, que ces avantages sociaux sont susceptibles de créer un appel d'air en direction de la France pour les migrants irréguliers. Déclaration scandaleuse pour ceux qui prétendent être des modèles de solidarité, confortés par la consécration du « principe de fraternité » par le Conseil constitutionnel : une aide désintéressée au séjour irrégulier ne saurait désormais être passible de poursuites.

La bien-pensance a naguère critiqué ces propos de Jean-Marie Le Pen : "Je préfère ma famille à mes amis, mes amis à mes voisins, mes voisins à mes compatriotes, mes compatriotes aux Européens", y voyant une forme de discrimination ou d'égoïsme, alors qu'il signifiait simplement que, faute de pouvoir contenter tout le monde, il faut faire des choix. En fait, ceux qui trouvent normal de venir en aide aux étrangers en situation irrégulière, voire de les aider à franchir les frontières, ont une conception partisane de la solidarité. C'est le même état d'esprit qui les aurait conduits, au moment de la guerre d'Algérie, à soutenir les revendications des terroristes du FLN, voire, pour certains, à porter leurs valises.

Il est intellectuellement confortable de prêcher une fraternité universelle. Mais il est plus responsable de savoir y mettre des limites lorsque les intérêts vitaux d'un pays sont en jeu.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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