Vade retro, coronavirus !

messe

On n’y comprend plus rien. Mais il faut faire confiance. Confiance aux « scientifiques ». Emmanuel Macron l'a affirmé vendredi. Fermer les frontières ne servirait à rien, c’est les scientifiques qui l’ont dit, qu’il a dit, le Président. Imparable. La science, par définition, sait. Alors, faisons confiance. En Italie, on barricade des villes comme au temps de la peste noire, mais pas question de barricader la France. Il suffit de se laver les mains. Abondamment. Avant, pendant, après, tout le temps. Enfin, c'est ce que j'ai compris en écoutant le docteur Véran. Et ne plus serrer la main. C’est embêtant, en période électorale, mais tant pis. Pour le coup, ne pas y voir non plus de malice ou un signe quelconque de radicalisation.

Et puis, voici que l’Église s’en mêle. On se disait, aussi... L’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, vient de donner des consignes aux curés de son diocèse. Il est vrai qu’un de ses prêtres, rentré mi-février d’Italie, a été diagnostiqué positif au coronavirus. Alors, désormais et jusqu'à nouvel ordre, les prêtres proposeront la communion uniquement dans les mains des fidèles et refuseront de la donner dans la bouche. De là à ce qu’on voie la main des modernistes dans cette consigne… On espère seulement que les prêtres auront pris leurs précautions au préalable. On imagine, aussi, que cette mesure est faite pour éviter qu’un fidèle ne postillonne sur le prêtre ou le servant qui distribue la communion. Les traditionalistes vous diront alors qu’en recevant la communion à genoux et dans la bouche, on limiterait bien mieux encore le risque de transmettre le virus que de se retrouver face à face, nez à nez, avec le « célébrant ». Allez comprendre. Les scientifiques, peut-être, là aussi.

Mais bon, ne soyons pas négatif et voyons plutôt le côté positif de la chose. Car les prêtres respecteront aussi cette mesure, nous dit le communiqué de l’Eglise catholique de Paris : il sera demandé « aux fidèles de ne pas échanger de poignée de main en signe de paix pendant les messes ». Au risque de choquer certains, c'est peut-être la bonne nouvelle de la journée et l’occasion de mettre fin à ce qui devient, bien souvent, un vaste bazar en milieu de messe. Du reste, en 2007, le pape Benoît XVI avait exhorté les évêques à « modérer ce geste qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion ». Ailleurs, on dirait : stop au bordel ! En 2014, même le pape François en avait rajouté une couche, c’est dire, en demandant que « les fidèles ne se déplacent pas au moment de ce geste ou encore que le prêtre ne quitte pas l’autel pour aller donner la paix à quelques fidèles ».

Donc, pas de communion dans la bouche, pas de poignée de main. Comme ça, traditionalistes et modernistes sont renvoyés dos à dos pour raison sanitaire. Dieu merci - on ne croit pas si bien dire -, il n’est pas encore recommandé aux prêtres de dire la messe avec un masque de protection. Déjà que la célébration de la messe, dans Notre-Dame ravagée, casque de chantier sur la tête, ce n'était pas topissime...

Cela dit, le principe de précaution ne date pas d’hier, y compris dans l’Église. Ainsi, lors de la peste de 1721, à Marseille, l’évêque différa le devoir de la communion pascale à l’Ascension et, durant la Semaine sainte, on célébra l’office divin dans toutes les églises, portes fermées. Le jour de Pâques, des Marseillais zélés firent irruption dans plusieurs églises pour entendre la messe et l’évêque fut contraint de faire poster des gardes devant les portes des églises. On n'en est pas encore là aujourd’hui...

PS : on apprend, ce samedi soir, que la célébration des messes est suspendue dans l'Oise, jusqu'à nouvel ordre. Mais qu'on se rassure, les hypermarchés restent ouverts...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/03/2020 à 10:53.
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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