Vaccins anti-Covid quasi obligatoires : quel bénéfice/risque collectif ?

vaccin covid

Il est désormais classique, au sujet de la vaccination, de se référer au rapport bénéfice/risque. C’est, d’ailleurs, la base des essais thérapeutiques que d’évaluer, à partir de ce rapport, à qui peut profiter la vaccination.

Néanmoins, ce rapport-là fonde la décision individuelle, pour un patient donné, et pas la décision « collectiviste » d’obligation : il y a peu de modélisations d’un rapport bénéfice/risque collectif. C’est pourtant cet enjeu que nos politiques entendent « traiter » à travers leurs mesures de quasi-obligation, et cette absence d’aide à la décision génère un très grand flou argumentaire quant à son fondement, facilitant toutes les dérives.

Voici une modélisation mathématique que l’on peut faire tenir dans l’équation suivante, pas si complexe que ça pourvu qu’on l’explicite :
Avantage à l’obligation vaccinale = (mortalité sans vaccin x homogénéité de la létalité x réduction de contagiosité)/(risque iatrogène vaccinal x opposition au « forçage social »), soit un quotient à 3 paramètres au numérateur, 2 paramètres au dénominateur. Cette formule s’occupe des décès, mais on pourrait en faire autant avec les Covid longs.

Une difficulté va résider dans le choix des unités pour quantifier ces 5 variables, mais il est clair que plus ce quotient à 5 paramètres serait élevé, plus le caractère obligatoire général de la vaccination deviendrait fondé. Plus il serait faible, moins cela se justifierait.

Imaginons une situation extrême qui amènerait, à travers ces 5 paramètres, à l’instauration de la vaccination généralisée obligatoire :
- nous aurions une épidémie terriblement mortelle dans laquelle, à l’instar de la peste, une personne sur 3 décéderait ;
- ce virus faucherait indistinctement jeunes et vieux, fragiles ou non ;
- sa contagiosité serait parfaitement maîtrisée par la vaccination ;
- le vaccin serait « rodé », éprouvé dans son principe d’innocuité avérée ;
- et, enfin, il n’y aurait pas d’opposition sociale au « forçage vaccinal » qui serait considéré comme un mal nécessaire.
Le quotient décrit tendrait alors vers l’infini, reflétant l’urgence de la vaccination obligatoire généralisée comme une mesure de salut public assurant la survie d’une civilisation.

Reprenons, à présent, les 5 paramètres dans notre vraie vie :
- nous avons une épidémie dont la mortalité est d’environ une personne sur 2.000 (0,05 %) en 2020 ;
- ce virus n’est dangereux que pour une partie très bien identifiée de la population ;
- l’effet du vaccin sur la contagiosité n’a pas été étudié par les laboratoires, mais malgré tout, le réel commence à se dévoiler : les pays très vaccinés (Grande-Bretagne, Israël, Islande) connaissent des rebonds épidémiques inexplicables si l’on considère le vaccin comme protecteur de la contagiosité. Des études américaines indiquent des charges virales identiques entre vaccinés et non-vaccinés : ainsi, l’effet sur la contagiosité est manifestement très faible, ces réalités venant d’ailleurs contredire les « hypothèses » erronées, sinon fallacieuses, de l’institut Pasteur ;
- les effets secondaires court terme ne sont pas anodins, ceux de long terme sont inconnus : il ne peut en être autrement pour des AMM conditionnelles. Le principe de précaution amène donc à donner une valeur haute à ce paramètre « risque vaccinal » ;
- l’opposition sociale est très forte : de très nombreuses personnes ne supportent pas qu’on leur enlève la liberté élémentaire du consentement éclairé. D’autre part, ce forçage vaccinal est considéré comme une intrusion dans l’intimité des personnes, une violation, par l’inoculation d’une substance étrangère, au droit à disposer librement de son corps : ce n’est pas rien !

In fine, dans notre monde réel, la valeur du quotient décrit tend manifestement vers zéro, reflétant un effet très faible, sinon contre-productif, du forçage vaccinal : le plus surprenant est même le caractère caricatural de la tendance de ces 5 paramètres : je suis convaincu qu’il y a encore deux ans, sur la base d’analyses de santé publique comparables, on aurait, sur ces analyses, crié au fou à l’idée d’une vaccination généralisée obligatoire.

Alors, pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on dérivé vers une telle mesure d’exception bafouant à la fois la rationalité de santé publique et nos principes élémentaires ? Question à la fois politique et psycho-sociale, qui pourra occuper dans le futur des générations d’experts...

Jean-Michel Pradel
Jean-Michel Pradel
Professionnel de santé publique

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