Un politologue démonte la stratégie d’enfumage d’Emmanuel Macron

macron 13 avril 2020

L'année a mal commencé pour Emmanuel Macron. Avec l'Arc de Triomphe et Agnès Buzyn, il nous fait une polémique et une provocation par jour. À ce rythme, il doit bien y avoir quelqu'un dans l'avion pour lui dire de se calmer. Et toujours la même question : le font-ils exprès ? Mais que ce soit inconscience ou provocation assumée, la conclusion est la même : c'est grave. J'en viens même à me dire qu'il peut se permettre cette sorte de fuite en avant tous azimuts (sur les symboles, l'Union européenne, le Covid) car il ne se représentera pas ou il intériorise une défaite que les sondages ne lui annoncent pourtant pas. Pour le moment. C'est en tout cas ainsi que j'ai perçu son étonnant « quelle que soit ma place » et le ton mélancolique de la fin de ses derniers vœux.
Le politologue Jérôme Sainte-Marie, dans un entretien au Figaro publié ce samedi 1er janvier, s'il constate l'actuelle hégémonie du Président sortant dans les sondages, relève toutefois trois phénomènes de la fin du quinquennat susceptibles, à mon sens, de se retourner contre lui quand la campagne commencera vraiment.
Pour lui, l'un des événements marquants de l'année écoulée, et qui semble oublié aujourd'hui, est le camouflet infligé à la France par la rupture du contrat de vente des sous-marins à l'Australie. C'est pour lui « un événement emblématique [...] qui aura eu un impact significatif sur notre humeur collective » et qui « a cristallisé les doutes, pour ne pas dire l'angoisse existentielle, ressentie par nombre de nos compatriotes. [...] Il illustre un affaiblissement de la position du pays [...] une forme de déclassement du pays [...] lourd de conséquences électorales. » C'est en tout cas un échec majeur pour Emmanuel Macron dans un domaine où il était censé exceller. Il pèsera dans l'isoloir dans trois mois. S'il n'est pas relégué derrière les angoisses de toutes sortes liées au virus.

C'est justement le second phénomène politique marquant souligné par Jérôme Sainte-Marie : « la dévitalisation du débat public » : « Les Français sont placés dans une situation artificielle d'atomisation, chacun étant renvoyé à sa santé et à celle de ses proches, à son corps et, si l'on peut dire, à sa peau. » Cela « induit une distraction de l'opinion par rapport aux grands enjeux d'avenir du pays. » Gabrielle Cluzel ne disait pas autre chose dans ses vœux. Pour notre politologue, « le Covid-19 aura produit un choc de dépolitisation » qui profite à Emmanuel Macron. Au passage, c'est exactement ce que lui reproche Éric Zemmour en l'accusant d'« instrumentaliser » la crise sanitaire.
Troisième phénomène ambivalent dont profite Emmanuel Macron mais qui pourrait se retourner contre lui si, justement, la campagne permettait d'aborder les questions de fond en s'affranchissant de la monothématique Covid : à la faveur de cette crise, il « a su apparaître auprès de nombreux Français comme le garant du versement des salaires et des pensions ». Mais sur le plan financier, il a suffi que l'inflation pointe le bout de son nez à l'automne pour que le gouvernement signe précipitamment et à l'aveugle des chèques carburant. Qu'adviendrait-il si survenait une secousse financière plus sévère ?
« Candidat de la réforme en 2017, dit encore Jérôme Sainte-Marie, il sera devenu le Président des garanties. Quand bien même s'agirait-il d'une illusion, cela demeure un bel atout électoral. » Le mot est lâché : « illusion ». Toute la question est de savoir si les Français préféreront rester dans ce monde Potemkine covidé dans lequel nous maintient Emmanuel Macron et si ses challengers sauront intelligemment et méticuleusement tirer la carte qui fera s'écrouler le tout.

Par ailleurs, si ce Président des comptes en banque et des protocoles sanitaires incessants, le tout drapé dans un immense drapeau européen, correspond bien à un segment électoral cohérent - le sien -, il ne représente toujours, comme il y a cinq ans, que 20 à 25 % des Français.
Mais notre politologue a oublié un quatrième phénomène de fond bien réel susceptible d'entraîner l'effondrement du macronisme, celui que nous évoquions au début : Emmanuel Macron lui-même.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

91 commentaires

  1. Effectivement s’il devait se représenter, il est pratiquement admis qu’il n’aura pas la Majorité à l’A.N., et je ne vois pas un Macron Jupiter être Président sans majorité…Je pense qu’en ce moment les Ediles font des pas de deux, des boucles, et des pointes, pour savoir sur qui et quoi à enlacer…

  2. Et s’il ne se représentait pas !? On peut « encore » rêver. Nous avons ce droit !
    Macron n’est pas un magicien, seulement un homme cynique qui voudrait qu’on l’aime.
    Cela, pour ne pas avoir à traiter le problème du renflouement impossible de la dette gigantesque qu’il a creusée sans régler le problème du covid19 qui va s’éterniser.
    Il a agit comme de nombreux maires dans leur commune : endetter leur ville pour faire peur aux nouveaux candidats impuissants devant leur nouveau budget.

  3. Je ne crois pas du tout aux sondages. On a vu par le passé que les cotes des présidents évoluaient en fonction de leurs discours ou de leurs actes. Macron, lui, quoi qu’il fasse ou dise, reste immuablement à 24-25%. Seule variant, si une MLP ou une Pecresse approche de ces niveaux immanquablement le président monte à 30%. C’est magique. Et quand on sait de le patron d’un des plus grands instituts de sondages est son gendre… Il va y avoir des surprises en avril.

  4. « quelle que soit ma place »…Une place de diplômé « enfumeur manipulateur » dûment estampillé par Attali et les Rothschild, et personne n’y a vu que du feu….La liquidation d’Alsthom était déjà un camouflet passé comme une lettre à la poste auprès des français, le camouflet de l’Australie est déjà oublié pour beaucoup !

  5. il intériorise une défaite que les sondages ne lui annoncent pourtant pas….
    Détrompez-vous, les vrais sondages (pas ceux qui sont destinés à formater l’opinion) le mettent à 11-12% au premier tour.

  6. Le Young Global Leader adoubé à Davos ne pense pas France. Son idéologie protéiforme de la mondialisation heureuse repose sur les mensonges du libéralisme allié d’opportunité au libertarisme d’où sa volonté de détruire, de « déconstruire » toutes nos institutions traditionnelles (famille, armée, patriarcat, religion chrétienne, etc.) . S’il a endossé le costume de leader progressiste mondialisé, la France, pour lui ne représente pas plus que son slip.

  7. Si le roi de la provocation et du mépris de la France avait un brin d’intelligence il ferait ses bagages pour notre bien et partirait loin ..

  8. Venu de nulle part, porté par des forces obscures , notre top manager à très haut potentiel , s’il ne fait pas un second mandat , sera sûrement récompensé grassement , par un poste prestigieux , dans une des organisations supra-étatiques qu’il a si bien servi , ou dans une entreprise multinationale , et même mieux dans les deux.

    • Ecouter l’interview de Vincent Jauvert par Denis Robert sur l’entre-soi, les cooptations, à propos de la sortie de son livre :  » Mafia d’Etat », au Seuil.

  9. Il représente 20 à 25% de l’électorat ! Mais cela lui a suffi pour être élu en 2017, notamment par forfaiture s’agissant de François Fillon et qui se réitèrera en Avril face à MLP parce que « le plafond de verre » est INCASSABLE en France, pardon en … ABSURDISTAN.

  10. Ne rêvez pas le pouvoir est une drogue dure….il quitterait Brigitte plutôt que de renoncer à se présenter… sauf, et c’est ma théorie, si les sondages sont légèrement bidonnés et qu’il le sache……

  11. Il donne l’impression de préparer l’opinion publique à son retrait de la présidentielle avec la promotion indécente de Buzin que les français avaient maintenant oublié et l’amateurisme de la suppression du drapeau français à l’arc de triomphe. Il dispose des résultats des élections régionales et départementales ou il était à 11 % et des vrais chiffres de sondages différents de ceux des médias de la propagande. L’arroseur serait il arrosé

  12. Rien de nouveau, ce type est avant tout un fourbe, un manipulateur puisque dans son esprit, seul le «  »pognon » » compte et c’est avec l’aide de ses bons copains banquier qui le maintiennent au pouvoir

  13. Conscient du mal qu’il fait volontairement à la France, il se complaît dans cette perversité – rien ne l’arrête et ne l’arrêtera car il ne croit qu’en lui et à sa supériorité, sauf nous.

  14. Il passera car comme d’hab….. au 2eme tour on fera jouer le spectre, l’idee de la bete, le diable en personne et surtout la connerie des francais « qui ne font pas de politique » mais qui oublient qu’ils vont la supporter pendant 5 ans et qui gueulerons pendant autant de temps…

  15. Ceux qui croyaient que le légion d’honneur était réservée aux citoyens émérites qui ont défendu la France savent maintenant que c’est un hochet qui est donné à ceux qui détruisent le pays par leurs actions et leurs mensonges tels buzin et delpraissy. La première a menti sur le covid alors qu’elle savait et l’autre ment presque chaque jour sur les plateaux télé en accusant les non vaccinés de tous les maux.

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