Un nouveau concept macronien : le séparatisme islamiste

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Clemenceau aurait dit : « Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission. » Emmanuel Macron, admirateur du Tigre, dit-on, a bien compris la leçon. La preuve : l’an passé, il a inventé une méga-commission baptisée pompeusement « grand débat national ». L’enterrement de première classe fut de toute beauté. Autre méthode : lancer sur les ondes un nouveau concept, un nouveau mot qu’on n’avait pas encore employé pour essayer de contourner un problème que vous ne savez pas par quel bout prendre. Dernière invention en date : le séparatisme islamiste. Paraît qu'il ne faudrait plus dire « communautarisme » mais « séparatisme ». Outre-Atlantique, on a appelé ça le sécessionnisme.

On avait, pour la Corse, le Pays basque, la Bretagne, les séparatismes corse, basque, breton. On aura donc le séparatisme islamiste. Fallait y penser. C’est dans quel coin de France, l’Islamie – ou l’Islamistan -, que l’on situe un peu, sur la carte ? Les séparatismes - corse, breton, basque, etc. – ont un gros avantage : certes, il leur est arrivé, par le passé, de déposer des bombes et même de faire des morts, mais ils réussissent en même temps à capter une certaine sympathie car l’aspiration à plus de liberté locale peut avoir sa légitimité. Plus compliqué pour le séparatisme islamiste par les temps qui courent, faut bien reconnaître. Ensuite, ces séparatismes ont leur corollaire, leur version soft, en quelque sorte, qu’on appelle l’autonomisme, voire le régionalisme. Là, du coup, le capital sympathie monte en flèche. Mettez-y quelques chants polyphoniques, une langue régionale respectable, des costumes traditionnels des plus charmants, et le touriste, citoyen à ses heures perdues, ne peut qu’être sensible à l’argument. On peut même envisager un statut spécial dans la Constitution de notre République, réputée « une et indivisible ».

Mais vouloir lutter contre le séparatisme, c’est en quelque sorte admettre qu’il existe une portion de la communauté nationale qui veut se couper de la nation, si ce n'est déjà fait, qui souhaite faire sécession. C’est reconnaître qu’il existe des communautés sur notre territoire. De là à les reconnaître... Les fameux « territoires perdus de la République » ? Perdus : pas pour tout le monde, semble-t-il… Jusqu’à ce jour, notre République s’est toujours refusée à reconnaître sur le territoire métropolitain une quelconque communauté. Alors, le communautarisme aurait-il déjà gagné avec cet abandon sémantique ? Emmanuel Macron, alors qu’il était en visite à Mulhouse, ce 18 février, a avoué « ne pas être à l’aise avec ce terme de communautarisme ». Entre nous, qu'il ne soit pas à l'aise sur le sujet, on l'avait un peu remarqué, depuis bientôt trois ans qu'il est au pouvoir. Il paraît qu’il y a des Français, eux aussi, qui ne sont pas à l’aise : non pas avec « ce terme » mais avec le communautarisme tout court. Et cela ne remonte pas à 2017.

On n'est donc pas à l'abri de la création d'une commission.

La guerre de Sécession (1861-1865) fit plus de 600.000 morts, aux États-Unis, ce qui en fait le conflit le plus meurtrier dans lequel ce pays fut impliqué.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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