« Ça urge à Dijon, mais ça urge partout en France », cri du cœur, cri de désespoir, cri d’alarme. Cri de François Rebsamen, maire de Dijon, ancien ministre du Travail sous François Hollande et qui se rêva, jadis, en ministre de l’Intérieur. Cri au micro d’Europe 1, mardi soir. Le premier magistrat de Dijon a donc téléphoné au « premier flic de France » pour lui demander des renforts. « Il a dit qu’il allait étudier ma demande. ». Comme on dit, dans l’administration, avec ou sans « a » majuscule, « votre demande fait l’objet de toute l’attention qu’elle mérite » !

Ça urge ? « Je demande à avoir des CRS pour sécuriser un quartier, où des jeunes voyous se comportent comme au Far West. Ils attaquent les tramways avec des scooters, des cailloux… Ils brûlent les voitures quasiment tous les soirs. » Le Far West, autrement dit la loi de la jungle, celle du plus fort, la guérilla. Les CRS pour sécuriser ? On en est donc là quand on sait que les compagnies républicaines de sécurité ont pour vocation première le maintien ou le rétablissement de l’ordre, même si elles reçoivent aussi pour mission de concourir à la lutte contre les violences urbaines avec les fonctionnaires de la direction centrale de la sécurité publique.

Quelle sera la prochaine étape : l’armée ? Ce n’est pas sa mission, répondra-t-on. Pourtant, l’idée n’est pas d’hier. Qui, en 2012, fit la déclaration martiale qui suit ? « Aujourd’hui, face aux engins de guerre utilisés par les réseaux, il n’y a que l’armée qui puisse intervenir. Pour désarmer les dealers d’abord. Et puis pour bloquer l’accès des quartiers aux clients, comme en temps de guerre, avec des barrages. » Le frontiste Stéphane Ravier ? Non, mais vous brûlez : Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône. Valls l’avait envoyée bouler.

Toujours selon François Rebsamen, « on manque de policiers, de gendarmes. Il n’y a pas les forces de police, parce qu’elles sont mobilisées sur Paris, essentiellement. » Nous y voilà. Tout est question de priorité. Et pour quels résultats, dirons-nous, depuis maintenant un an tout juste - eh oui, c’était le 16 octobre 2018 ! - que Christophe Castaner est ministre de l’Intérieur ? On ne va pas refaire ici le film des pires moments de l’hiver dernier. Pour en arriver, au final, à ce que des pompiers et des policiers s’affrontent en marge d’une manifestation, comme on a pu le voir mardi soir à Paris. Faible avec les forts, fort avec les faibles, déclarait le député RN Sébastien Chenu au micro de Boulevard Voltaire pour qualifier la politique de ce gouvernement et de son ministre de l'Intérieur. Et l’on doit bien rigoler aux Far West de Dijon et d’ailleurs !

Bon anniversaire à Christophe Castaner. Dès qu'il aura soufflé ses bougies, ce serait bien s'il pouvait étudier là où ça urge.

PS : remarque de la rédactrice de Boulevard Voltaire à la réception de la présente (comme on dit dans l'administration, avec ou sans « a » majuscule) : « Je n'en reviens pas, ça ne fait qu'un an ? On a l'impression de l'avoir depuis des années, c'est incroyable ! » Comment vous dire ? « Un jour est comme mille ans... »

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16 octobre 2019 à 20:34

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