Copé vainqueur avec 98 voix d’avance, c’était dimanche dernier. Fillon gagnant avec un avantage de 26 voix, c’était mardi dernier. Hier lundi, tous comptes faits, défaits et refaits, c’est avec 952 voix de mieux — pourquoi mégoter, pourquoi se gêner ? — que Jean-François Copé a été finalement proclamé président de l’UMP huit jours après qu’il en avait fait l’annonce quelque peu prématurée. Ainsi en a décidé la commission nationale des recours de l’UMP, organisme « indépendant » amputé de deux de ses membres et présidé en toute impartialité et en toute opacité par un aparatchik inconnu du grand public, en instance de comparution devant un tribunal — un vrai – et partisan déclaré de celui qu’il a déclaré victorieux.

Tout est donc bien qui finit (provisoirement) mal ? De ce feuilleton pitoyable, aucun des personnages ne sort grandi. Perdant, le tricheur arrogant, sûr de lui, dominateur, qui, retranché dans son bunker, n’a cessé d’invoquer face aux demandes les plus légitimes — nomination d’un arbitre, demande de recomptage par une instance impartiale, remise en jeu de son titre usurpé par le biais d’un nouveau vote — la légalité particulière de statuts taillés dans ce marbre dont on fait les fromages. Perdant, l’ancien Premier ministre qui a porté le litige sur la place publique sans parvenir à faire la preuve de sa légitimité et qui se verra reprocher par ses propres amis de vouloir laver le linge sale de l’UMP en dehors de la famille. Perdants, un vainqueur et un vaincu aussi peu soucieux l’un que l’autre de l’état dans lequel ils laisseraient la maison, objet de leur convoitise, à son nouveau locataire. Tout à leur combat de chiens, personne n’a pu les séparer, rien ni personne ne pourra les réconcilier. Perdant, cet autre ancien Premier ministre, cet humaniste à la mode de Charente-Poitou qui, n’obéissant qu’à ses rancœurs, a soutenu celui des deux candidats dont il était idéologiquement le plus éloigné. Perdant, ce troisième ancien Premier ministre que l’on est allé chercher dans sa Thébaïde bordelaise, qui n’a accepté qu’à contre-cœur la mission impossible dont on prétendait le charger et à qui son statut de père fondateur du parti, de sage, de meilleur d’entre tous n’a pas évité le plus cinglant des camouflets. Perdant enfin, Nicolas Sarkozy qui avait tant espéré que le destin d’une UMP forte serait confié à un président faible et qui se retrouve avec une UMP divisée, affaiblie, amoindrie, à la botte d’un chef de bande qui ne rendra à personne les clés qu’il vient d’arracher à la force du poignet.

Dessin : Jean Brua.

Si j’étais militant, adhérent ou simple sympathisant de l’UMP, cette semaine boueuse me laisserait indigné, écœuré, révolté. Dieu merci, il y a belle lurette que je ne prends plus au sérieux la vieille imposture qui ose encore, les jours de commémoration, se réclamer du « gaullisme ». Je devrais donc, comme beaucoup, rire de cette mauvaise farce. Pourtant, je ne parviens pas à me réjouir d’un épisode qui, comme jadis le congrès de Rennes et naguère le congrès de Reims, discrédite encore un peu plus la politique et bafoue la démocratie.

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27 novembre 2012

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