À peine les incorruptibles de la CONARE, confirmant et même dépassant les intuitions de la COCOE, avaient-ils proclamé des résultats « définitifs » conformes aux désirs de Jean-François Copé, celui-ci, sans surprise, avait appelé avant-hier soir au « rassemblement » autour de son panache tant bien que mal blanchi et, plus curieusement, au « pardon »… entendant par là, semble-t-il, celui des offenses dont il avait été l’auteur.

Dès le lendemain de ce brillant succès, l’ex-secrétaire général de feue l’UMP avait touché les premiers dividendes de ce deuxième coup de force : François Hollande qui, même président de tous les Français, n’a visiblement pas oublié qu’il était d’abord un homme de parti, se faisait un malin plaisir de recevoir à l’Élysée le supposé président de la principale force d’opposition comme s’il en était le seul représentant légitime.

Pourtant, le chef de l’État est un trop vieux routier de la politique, de ses coulisses et de ses bas-fonds, pour ignorer que lorsqu’une élection municipale, législative, voire présidentielle, est caractérisée par un faible écart de voix, des présomptions de fraude massive et d’innombrables irrégularités — et Dieu sait si c’est le cas de la consultation interne dont les Français sont depuis dix jours les commentateurs consternés, indignés ou goguenards — il existe des instances compétentes, tribunaux administratifs, Conseil d’État, Conseil constitutionnel pour prononcer la nullité du scrutin litigieux et rappeler les électeurs aux urnes sans que personne puisse ou ose contester leur sentence. Il est vrai qu’en ces matières, les juges ne sont pas parties. Les lois de l’UMP, comme celles de la jungle, sont décidément très particulières.

Juché sur le socle monumental que lui faisaient 30 000 procurations, enfermé dans la citadelle de ses certitudes, contrôlant l’appareil de l’UMP, Jean-François Copé, pour sa part, ne voyait vraiment pas l’intérêt de revoter. On ne voyait pas, en effet, l’intérêt qu’il y aurait eu et l’on comprend aisément qu’il ne souhaitât pas remettre en jeu un titre si chèrement gagné. Insensible à la menace de rupture de la moitié des dirigeants de son parti, à l’avis exprimé par 77 % des militants à l’initiative de Nathalie Kosciuzko-Morizet, ignorant la désapprobation du chef suprême devant lequel il se disait pourtant prêt à s’effacer à tout moment tant il le respectait et le vénérait, Jean-François Copé roulait des mécaniques et appliquait à la lettre, sans état d’âme, les bons vieux principes de Staline : tout ce qui était à lui était à lui, tout le reste négociable. Le temps, pensait-il, travaillait pour lui.

D’ailleurs, certains, dont on ne sait s’ils étaient plus naïfs que cyniques, ou l’inverse, en prenaient déjà, allègrement, leur parti : Copé n’était peut-être pas le plus sympathique, le mieux aimé, le plus qualifié, c’était peut-être un voyou, un arriviste sans foi ni loi, un spécimen particulièrement typique de l’éternelle espèce des Chirac et autres requins d’eau douce, dents longues et tête vide, dont le seul but est d’arriver au pouvoir et qui ne savent qu’en faire une fois leur objectif atteint parce qu’ils sont dépourvus de toute conviction. Mais, disaient-ils, c’est un dur, un vrai de vrai, et qu’on devait préférer au mol Fillon et à tout autre membre de sa famille au seul prétexte qu’il était le plus à droite de tous les présidentiables possibles. De droite, Copé ? C’est ça l’image que vous vous faites de la droite ? Copé s’est positionné à droite parce qu’il estimait qu’il avait à y gagner, il restera de droite tant qu’il estimera que ça lui rapporte. Mais Copé n’est ni de droite ni de gauche ni de nulle part, il est copiste, un point, c’est tout.

Tandis que les péripéties de cette pantalonnade amusaient la galerie et laissaient le champ libre à un gouvernement socialiste étonné et ravi de cette diversion, de l’autre côté des Alpes la gauche italienne procédait au premier tour de ses primaires ouvertes à l’issue duquel plus de trois millions de votants ont désigné dans des conditions indiscutables les deux candidats qualifiés pour le second tour. Le président « proclamé » de l’UMP et ses complices n’en allaient pas moins répétant qu’il n’était pas question de consulter à nouveau les 300 000 militants revendiqués par son parti : trop compliqué, trop cher, inutile…

C’est alors que le directeur de l’école est sorti en trombe de son silence et de son bureau, et a apporté, plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité, le plus éclatant démenti à ceux qui, le croyant résigné à une préretraite anticipée, s’en donnaient déjà à cœur joie dans la cour de récréation. Nicolas Sarkozy a saisi les deux chenapans par l’oreille et leur a fait admettre dans la minute ce que chacun des deux refusait à l’autre et que n’avait pu obtenir le conseiller d’éducation Juppé. Spectaculairement désavoué mais sans perdre entièrement la face, le petit Copé gardera la présidence du mouvement, mais seulement le temps de préparer le referendum des militants sur la possibilité d’un nouveau vote, étant entendu qu’on ne lui permettra pas, cette fois, d’organiser et de truquer la consultation. Quant au petit Fillon, ce garçon si sage, mais un peu sournois, qui était en train de s’émanciper, il renoncera aux poursuites judiciaires et à sa scission en échange de la promesse d’une nouvelle consultation. En attendant, les deux petits chahuteurs ont été priés de copier cent fois : « Je ne demanderai plus : “qui c’est le patron ?” »

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28 novembre 2012

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