Si les cicatrices des attaques du Bataclan seront difficiles à effacer, elles prouvent que nous sommes bien vivants. Le souffle froid de la mort nous a brutalement rappelé la fragilité de notre condition et le caractère fini de l’existence. Aucun esprit humain n’arrêtera jamais une rafale de kalachnikov lancée à pleine vitesse, pas même le plus brillant. Mais nous pouvons agir collectivement pour remporter la guerre qui nous est faite. L’ennemi nous a désignés, il faut l’accepter et comprendre comment le vaincre.

Alain Finkielkraut déclarait, lors de son discours d’intronisation à l’Académie française, qu’il avait pris conscience que la France n’était pas immortelle. Il a raison : nulle œuvre de l’homme n’est éternelle. Mais la France ne mourra pas aujourd’hui, ni même demain. Elle est appelée à vivre. Elle transcende nos existences individuelles. Face à l’adversité, les Français se sont toujours relevés. Nous incarnons ensemble la France historique. Une terre invaincue. Une terre d’hommes et de femmes au courage proverbial. Une terre qui a toujours honoré ses morts. Une terre qui se battra pour qu’ils ne soient pas partis en vain.

J’ai acheté hier le numéro de mars du magazine Rock & Folk, comme souvent depuis mon adolescence. Je ne manque jamais la rubrique « Mes disques à moi » qui permet de pénétrer dans l’intimité, parfois étonnante, de collectionneurs célèbres. Dans ce numéro, point de « rock star » pour présenter ses disques mais trois jeunes hommes nés entre l’année 1984 et l’année 1986, tout comme moi. Louis Le Dref, Arthur Dénouveaux et Benoît Fantin sont des survivants du concert des Eagles of Death Metal lors de la funeste soirée du vendredi 13 novembre.

Ils ne sont pas plus « idolâtres » que « bobos festifs » ou propagandistes du « vivre ensemble ». Ils s’étaient simplement déplacés pour profiter du concert d’un groupe qu’ils appréciaient. Eux ont survécu, d’autres y ont laissé la vie. Certes, l’assistance était un peu plus urbaine que ne l’est la moyenne de la population mais elle ne correspondait pas à une sociologie à part. Peut-être les spectateurs étaient-ils plus nombreux à glisser dans l’urne un bulletin socialiste qu’un bulletin Front national ? La belle affaire. Ces gens étaient notre peuple. Nos frères, nos sœurs, nos cousins, nos amis.

Lire cet entretien m’a donné les larmes aux yeux. Ces garçons qui ont échappé au pire, je les ai connus au sens propre. Ils auraient pu être mes camarades de classe. J’en veux toujours beaucoup aux cyniques qui se sont parfois gaussés des titres de presse qui ont parlé de « Génération Bataclan ». En quoi est-ce faux ? Il y aura un avant et un après. Pour lutter jusqu’au bout, il faut aimer son peuple et avoir conscience que celui-ci ne se compose pas uniquement de camarades idéologiques.

L’ennemi nous hait. Il fait de Louis, Arthur et Benoît des cibles militaires comme il le fait pour la France dans son ensemble. Pour cette raison, nous devons bien distinguer qui nous est proche de qui nous est autre. Je le sais depuis longtemps. Et vous ?

623 vues

17 février 2016

VOS COMMENTAIRES

BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :

  • Pas de commentaires excessifs, inutiles ou hors-sujet (publicité ou autres).
  • Pas de commentaires insultants. La critique doit obéir aux règles de la courtoisie.
  • Pas de commentaires en majuscule.
  • Les liens sont interdits.
  • L’utilisation excessive de ponctuations comme les points d’exclamation ou les points de suspension rendent la lecture difficile pour les autres utilisateurs, merci de ne pas en abuser !

Pas encore de compte, inscrivez-vous gratuitement !

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.