[Tribune] Lettre ouverte à Stanislas Rigault, candidat dans le Vaucluse, de la candidate RN Bénédicte Auzanot

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La deuxième circonscription de Vaucluse fera partie des plus observées au niveau national du fait de la présence du lieutenant d'Éric Zemmour Stanislas Rigault. Bénédicte Auzanot, conseillère municipale de Cavaillon et conseillère régionale, est candidate, elle aussi, dans cette circonscription sous l'étiquette Rassemblement national. Elle lui adresse cette lettre ouverte que nous publions en exclusivité. Contacté par Boulevard Voltaire, Stanislas Rigault n'a pas souhaité réagir pour l'instant.

Cher monsieur,

Il n'est guère de réunions publiques ou d'interviews lors desquelles vous ne placiez au centre de votre discours le thème de « l'union des droites ». Cette « union », dont la réalisation n'ajouterait pas un médecin de plus aux urgences de l'hôpital de Cavaillon et n’enlèverait pas un chômeur des listes de Pôle emploi, est, dans votre cas précis, une posture électorale.

Lorsque l'on veut faire l'union, on la fait chez soi. On ne traverse pas la France. Votre parachutage vous ôte toute légitimité pour défendre ce thème. Et, de grâce, ne me répondez pas que d'autres que vous se parachutent, y compris au RN, car invoquer les défauts des autres ne fait pas une vertu.

Pensez-vous arriver en terre vierge ? Ce n'est pas le cas.

L'union, figurez-vous qu'elle a été réalisée ici en 2020 lors du second tour de l'élection municipale de Cavaillon. J'ai fusionné ma liste avec celle de M. Jean-Pierre Peyrard, divers droite, ancien adjoint UMP de Jean-Claude Bouchet quand celui-ci était maire.

De 2014 à 2017, j'ai également pratiqué l'union, non des droites, mais celle de l'intérêt local, en étant adjointe au maire de Lauris, village où je demeurais alors.

A l'échelle départementale, l'union (toujours elle) a été faite en 2020 à Carpentras par Hervé de Lépinau, ancien et loyal suppléant de Marion Maréchal. Il devait diriger la liste municipale, il a laissé sa place au général de La Chesnais, bien que celui-ci ne soit pas adhérent du RN. Hervé de Lépinau est aujourd'hui bien mal récompensé puisque, candidat sur la 3e circonscription qu’il laboure depuis des années, Reconquête présente contre lui un candidat, lui aussi parachuté sur cette circonscription.

Toujours dans le Vaucluse, et très récemment, l'union (encore elle), nous avons su la faire dans la circonscription d'Orange. Notre candidat Damien Broc avait commencé sa campagne, Il a pourtant retiré sa candidature au profit de Marie-France Lorho, députée sortante de la Ligue du Sud, que Reconquête ne s'est résolu à soutenir qu'après avoir envisagé de présenter contre elle... Marion Maréchal !

Ces unions-là ne sont pas les filles d'un concept-hochet qu'on agite à n'en plus finir sur les plateaux de chaîne d'info. Ce sont des réalités, faites de patience, d'un travail de longue haleine, nées à la base, de la base, entre gens vivant ici et qui ne repartent pas au lendemain d'une élection.

Maintenant, traitons de l'« union des droites ». De qui parle-t-on ? Des Républicains ? Et desquels ? Ceux qui ont rejoint Macron dès 2017 ? La promotion ministérielle de 2022 ? Ceux qui ne sont pas encore partis mais qui dénoncent le RN comme « extrémistes » ? Ceux qui, lorsqu'ils étaient au pouvoir, n'ont pas fait reculer d'un centimètre la gauche dans le domaine de l'éducation ou de la culture ? Soyons sérieux.

Exit, donc, les LR en tant qu'appareil.

Restent alors le RN et Reconquête. Un accord entre nos deux formations aurait-il permis l'élection d'une majorité patriote le 19 juin ? Il est évident que non.

Cependant, dans quelques endroits, il est exact que la concurrence entre Reconquête et RN peut faire qu'aucun de leurs deux candidats ne soit au second tour. Je le regrette profondément, croyez-le bien. Pour autant, ce ne sera pas le cas dans le Vaucluse. Vous et moi savons que vous ne serez pas au second tour et que votre score sera assez inférieur à celui d'Éric Zemmour à la présidentielle.

Peut-être auriez-vous souhaité, au nom de cette union que vous prônez en permanence, que je retire ma candidature, connue des Vauclusiens depuis des mois, au profit de la vôtre, lancée il y a tout juste quelques jours ? Ce n’est pas ma conception de l’union. Ma conception de l’union est fondée sur la réalité. Celle du terrain que je parcours depuis des années. Celle des résultats électoraux aussi : pour rappel, à Cavaillon, Marine Le Pen a obtenu 31 % des voix au premier tour de la présidentielle, alors qu’Éric Zemmour n'a fait que 10 %, soit trois fois moins. Enfin, l’idée que je me fais de l’union repose, d’abord et par-dessus tout, sur le respect des électeurs de cette circonscription qui pour beaucoup me connaissent et dont je connais les préoccupations locales et nationales.

Un mot pour finir. Vous êtes, cher Monsieur, un produit médiatique. Pas un produit local. Bien évidemment, je ne mets pas en doute la sincérité et la force de votre engagement, mais il me semble que de mauvais conseils, une connaissance très imparfaite du terrain vauclusien, peut-être des promesses de champ libre émanant de votre camp qui n'ont pas été tenues vous ont conduit à accepter ce parachutage qui, en tout état de cause, vous servira d’expérience pour votre avenir que je vous souhaite brillant.

Bénédicte Auzanot
Bénédicte Auzanot
Député de Vaucluse, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d'Azur

Vos commentaires

83 commentaires

  1. Auzanot a travailler sur le terrain depuis plusieurs années. Rigault est parachuté, connait peu les problêmes de la région. Cette lutte fratricide donnera la victoire aux autres.

  2. Chère Gabrielle Cluzel, J’ai beau réfléchir.. je ne vois pas pour quelle raison B.V a cru pertinent de diffuser à notre attention cette lettre essentiellement « politicarde »et susceptible d’interesser les électeurs de la circo du Vaucluse où se présentent St. Rigault et Marion Maréchal (sa suppléante nationalement connue et appréciée) ??
    Un commentaire de votre part NE SERAIT PAS SUPERFLU…car les lecteurs de B.V sont, vous le savez, des partisans incorrigibles de la probité intellectuelle

  3. Elle a raison : l’union des droites ne peut pas se faire avec un parti qui « veut la peau du RN » jugé « trop à gauche » (E. Zemmour dixit). Et ce ne sont pas les invectives des supporters de « Reconquête » ayant envahi ce forum qui changeront les choses…

  4. Avec une telle « stratégie gagnante » macron doit boire du petit lait, l’installé confortablement qu’il est , dans un fauteuil à l’Élysée , il doit se marrer autrement qu’en écoutant mémé Brizitte lui faire des cours d’éducation civique et de politesse . Tant que les Patriotes font semblant de combattre macron , ce dernier fait semblant de les prendre au sérieux

  5. Marine ne devrait pas faire semblant d’oublier que les électeurs de Zemmour lui ont permis d’être au 2ème tour en votant UTILE face au danger Mélanchon, et c’est justement mon cas.
    Zemmour vaut certainement 10% a mon avis, et refuser d’écouter ses appels a l’union des droites est une véritable CATASTROPHE, surtout dans le MIDI de la FRANCE.
    MLP va ENCORE perdre et faire perdre la FRANCE, mais cela semble lui être tout a fait égal.

  6. Le RN n’est même pas capable d’identifier et de se rapprocher de ses alliés. Il préfère les combattre.
    Je croyais que Jordan Bardella était d’une autre étoffe mais visiblement, il est rentré dans le moule que lui a préparé MLP.
    C’est vraiment dommage.

  7. Elle oublie juste que c’est Marine Le Pen qui a refusé tout accord avec Reconquête. Cela dit il y a du vrai dans sa lettre et du bôn sens.

  8. Madame Auzanot, mettre en avant les résultats électoraux passés, pourquoi pas, ce qui m’aurait intéressé c’est connaitre votre engagement concret et factuel, vos actions, vos arbitrages gagnés au profit de vous électeurs, vos votes et leur portée en qualité de conseillère, régionale et municipale, à moins qu’ils ne relèvent d’une politique purement UMPS ? celle que vous vous apprêtez à commettre, si vous étiez élue, le RN étant devenu l’annexe LFI la candidature de Stanislas est incontournable.

  9. Bénédicte Auzanot passe volontairement sous silence le fait que la suppléante de Stanislas Rigault n’est autre que … Marion Maréchal.
    Lorsque Marion était au RN, cette dernière n’a guère été ménagée – et c’est un euphémisme – par sa tante et sa cour, ce qui l’a amené, en bonne logique à quitter cette officine.
    Alors, un peu de décence, Mme Auzanot.
    Tout mon soutien à Stanislas et à Marion !

  10. Quelque soit les personnes, aujourd’hui, cette union des droites devait se faire et si les chefs n’ont pas eu l’intelligence de la faire, j’espère que les élus locaux l’auront (en tout cas félicitations au Vaucluse 4 où je réside), car dans l’histoire c’est quand même la gouvernance de la France qui est en jeu et l’adversaire, Macron et Mélenchon.

  11. Quelle triste démonstration d’une droite imbécile et pendant ce temps les candidats de la majorité présidentielle et l’extrême gauche ne sont pas attaqués !!
    j’ai bien peur que le scénario catastrophe de 2017 ne se reproduise !!
    Merci de penser au pays plutôt qu’à vos petites préoccupations personnelles.

  12. Quelle petitesse ! Quelle médiocrité ! Quelle étroitesse d’esprit ! Quel aveuglement ! La France est envahie avec toutes conséquences que nous savons et on parle de Clochemerle.

  13. Cette candidate à tout a fait raison .
    Le candidat de reconquête est certainement destiné à un avenir politique brillant.
    Qu’il aille se frotter à des durs à cuire nupes ou rennaissance, cela lui ferai le plus grand bien, même si l’échec est au bout.
    Mais surtout vôtez au second tour pour le candidat de la droite patriote le mieux placé.

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