Dans la nuit du 8 au 9 mars 2015, le tribunal administratif de Toulouse a été l’objet d’actes de vandalisme, dossiers éparpillés par terre, matériel renversé et inondations importantes. Ce sont les pompiers, appelés sur les lieux pour ce « dégât des eaux », qui ont prévenu la police. En effet, les pompiers ont découvert, en même temps que le vandalisme, des inscriptions tout à fait graves dans les bureaux. En particulier des menaces de mort envers une magistrate, menaces écrites « Au nom du prophète ». D’autres inscriptions comme « Le prophète te jugera » ou bien « Vengeance » ont été écrites cette nuit-là.
Ce tribunal juge régulièrement des contentieux importants concernant les étrangers, et prononce beaucoup de reconduites à la frontière. Difficile de faire une relation directe de cause à effet avec ces actes odieux, mais quand même. Ces dégradations sont d’une extrême gravité, elles visent directement une institution juridique. Les menaces de mort, écrite à la peinture noire sur les murs des couloirs ou des bureaux visaient aussi, nominativement, des agents de service.
Le syndicat UNSA, dans un communiqué à l’AFP, a exprimé sa très vive inquiétude face à ces attaques de fonctionnaires. Le même syndicat a aussi déploré que les inscriptions aient été très vite cachées derrières des panneaux. Comme s’il fallait passer cet « incident » sous silence. L’UNSA a insisté pour que les pouvoirs publics ne prennent pas ces menaces à la légère, demandant un renforcement de la sécurité de ces lieux publics. Une enquête a été confiée à la police judiciaire.
Si je prends le temps d’écrire un papier sur ce sujet, c’est que rien ou presque n’a été dit sur cette agression. Quelques articles dans la presse locale, mais « très softs », faisant très attention à « ne pas stigmatiser », à ne pas « faire de conclusions hâtives ». Juste une description des faits comme s’ils étaient anodins, comme si ce petit fait divers n’était pas important. Vous le savez, le lundi, c’est le foot et le rugby qui dominent l’actualité. Quand même, ces faits ne méritent-ils pas plus que quelques lignes entre le Top 14 et la Ligue 1 ? Quand on sait que - coïncidence, paraît-il - le vice-président du Conseil d’État, Jean-Marc Sauvé, devait visiter ces locaux le même lundi...
Ce dernier écarte lui-même d’un revers de main tout lien entre cette agression et sa visite. Il a sans doute raison, mais les faits sont troublants. La réunion prévue avec Richard Mousseron, président du tribunal de Toulouse, quelques agents et des magistrats s’est déroulée normalement. À son issue, Monsieur Sauvé à déclaré : « Tout porte a croire qu’il s’agit d’un acte isolé. » Dont acte.
Le silence des grands médias, pourtant toujours prompts à faire leurs choux gras de tels méfaits, est surprenant. Une espèce de black out dans le plus grand consensus, inhabituel chez tous ceux qui font d’une toute petite affaire une information nationale. Aujourd’hui, il n’est pratiquement pas possible d’avoir d’informations sur le déroulé de l’enquête ; rien ne filtre, je crains qu’il ne soit pas bon d’en parler.
Outre le fait que les informations aient toutes été dans le sens d’une minimisation, il est encore plus étonnant que personne n’ait posé les bonnes questions. Pourquoi tant de gêne à parler de ces menaces ? Qui a pu commettre ces actes ? On dirait que tout le monde a peur de découvrir une vérité qui ne serait pas bien vécue à quelques jours des élections.
Le SRPJ de Toulouse est en charge de l’affaire, espérons que toutes ces questions trouveront une réponse claire et surtout publique. Mais là, je crains beaucoup !
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