Treize morts. Treize morts en opération. Pour la France. Des noms, souvent, qui nous disent quelque chose, car l’armée reste une grande famille. Une grande famille française. Vraiment, charnellement française. Treize morts – six officiers, six sous-officiers, un militaire du rang – dans un accident d’hélicoptères au Mali. Lundi soir, vers 20 heures. Dans le ciel d’Afrique, loin de chez eux, ces jeunes Français ont donc perdu la vie. Ils appartenaient – car on appartient à un régiment, c’est l’essence de l’esprit de corps, on ne s’appartient plus tout à fait – au 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, au 4e régiment de chasseurs de Gap, au 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces et au 2e régiment étranger de génie à Saint-Christol, nos voisins et amis de Vaucluse.

L’état-major des armées a expliqué que « selon toute vraisemblance, un abordage entre les deux aéronefs évoluant à très basse altitude serait à l’origine de l’accident ». Ces hélicoptères « participaient à une opération d’appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de groupes armées terroristes ».

Treize morts, c’est l’un des plus lourds bilans que nos armées aient connus depuis des années. Sans doute depuis le Liban. Mais la troisième dimension ne pardonne pas. Nos pilotes de l’aviation légère de l’armée de terre sont de grands professionnels mais ils ne sont pas des machines. Ils sont d’abord des hommes et tout va très vite, de nuit, la fatigue, le stress.

Treize morts, c’est aussi, évidemment, des veuves, des orphelins, des parents, des familles endeuillées que le ciel de la nuit de Noël, si proche, ne pourra pas faire oublier, celui de cette sinistre nuit malienne.

Treize morts pour la France. Dit-on. On l’espère, on veut le croire, on s’en convainc.

L’heure n’est pas à la polémique, comme on dit, mais ces treize morts pour la France, sont aussi morts pour que la région où ils opéraient soit un jour débarrassée du terrorisme islamique. Une région où l’on trouve le Niger. Ce Niger, membre du G5 Sahel, largement soutenu par la France, qui veut aujourd’hui changer les paroles de son hymne national, « La Nigérienne ». « Soyons fiers et reconnaissants de notre liberté nouvelle », chantaient les Nigériens depuis leur indépendance. Mais cette reconnaissance marquerait trop l’inféodation à la France…

Et puis, ces treize vies enlevées au service de la France nous amènent à des questions plus profondes et fondamentales. Les militaires sont les seuls serviteurs de l’État à qui la loi peut demander d’aller jusqu’au sacrifice suprême. En quelque sorte, l’État peut prendre la vie à ses soldats qui servent une juste cause. En revanche, l’État ne pourra jamais prendre la vie d’un criminel, eût-il commis les pires atrocités.

Treize morts qui obligent le chef des armées, la France, les Français. Et les pays d'Afrique que nous soutenons...

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26 novembre 2019 à 12:07

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