À nouveau, un pays occidental a été victime d'une « opération martyr ». Comme à chaque fois, les mêmes messages, textes et récits ont émergé à travers les journaux et les réseaux sociaux. Chaque acteur connaît son rôle et le texte qu'il doit réciter, mais cette fois-ci, on ressent comme une certaine forme de lassitude, voire de familiarité…
On pourrait être tenté de croire, à l'instar du maire de Londres Sadiq Khan, que "la menace d'attaques terroristes fait partie intégrante de la vie d'une grande ville".
Pourtant, il existe une exception : Tokyo, qui avec ses 37,8 millions d'habitants fait figure de plus grande ville du monde et n'a jamais subi d'attaques djihadistes (tous comme les autres villes du Japon). Ainsi, ce qu'a vraiment voulu dire Sadiq Khan semble être que toutes les grandes villes qui permettent l'immigration de pays islamiques doivent apprendre à vivre avec le djihad.
Par ailleurs, la seule fois où le Japon fut confronté directement à une attaque islamiste, c'était en juillet 2016 au Bangladesh, lors d'une prise d'otages dans un café de Dacca où sept Japonais furent brutalement torturés et assassinés car incapables de réciter des passages du Coran.
Bien que la population musulmane du Japon soit infinitésimale (estimée à 0,05 % de la population, soit environ 70.000 individus), le Japon est tout de même conscient des ravages et tensions qu'a provoqués l'islam politique en Amérique du Nord, en Europe, en Russie, en Afrique, en Chine et en Asie du Sud-Ouest. Le Japon refuse donc de suivre ce qui ressemble à un motif se répétant sans cesse. C'est pourquoi il n'y eut aucune manifestation ou réaction de la part des Japonais (ou de leurs médias) quand, en 2016, il fut révélé que le gouvernement japonais espionnait depuis des années presque toute sa population musulmane. Ainsi furent collectées des informations telles que les relevés bancaires, les mouvements quotidiens et les voyages internationaux. Par ailleurs, le gouvernement japonais avait secrètement installé des caméras dans des mosquées et formé des policiers afin qu´ils puissent s'infiltrer non seulement dans des associations musulmanes, mais aussi dans des épiceries et restaurants halal.
En France, ce genre d´information aurait été perçu comme une "discrimination nauséabonde" mais, au Japon, elle a fait l'effet d'un non-événement. C'est que, pour de nombreux Japonais, des concepts tels que la discrimination, voire le racisme, sont interprétés comme des idées "non japonaises", c´est-à-dire la tentative d´une puissance étrangère à vouloir influencer la société japonaise (je vous conseille, pour mieux comprendre ce phénomène, le film Silence, de Scorsese).
Le Japon a donc pris acte qu'il existe un djihad mondial qui, depuis 2001, a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et tente de s´en préserver à sa manière. Quant à nous, non seulement nous sommes en train de normaliser le terrorisme islamique, mais notre réponse codifiée face à ce dernier laisse penser que nous l'avons déjà ritualisé.