Tempête religieuse au Monténégro, la chouannerie serbe s’organise

Podgorica
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Depuis plusieurs semaines, le Monténégro, petite république balkanique de 620.000 habitants perchée sur l’Adriatique, est secouée par une décision gouvernementale de faire voter une loi qui permettrait de réquisitionner des biens des différentes religions, dont l’Église orthodoxe serbe, qui est majoritaire dans le pays, comme le rapporte franceinfo. Si les Monténégrins ont bien des spécificités, ils demeurent majoritairement des Serbes. Au Monténégro, on parle serbe, on célèbre les fêtes serbes, on partage l’Histoire des Serbes et la plus vieille institution du pays est… l’Église orthodoxe serbe implantée depuis le XIIIe siècle et qui dispose de plus de 600 monastères, églises, chapelles sur un territoire équivalent à deux grands départements français.

Ce 26 décembre, le gouvernement de Duško Marković, malgré une mobilisation populaire impressionnante, a fait voter la loi. Dans la foulée, des hommes armés des services de sécurité du Monténégro ont évacué les députés de l’opposition du Parlement. À l’extérieur, la police du régime a employé la force à plusieurs endroits contre des manifestants pacifiques et a même frappé un prélat, l'évêque de l'Église orthodoxe serbe de Dioclée, Mgr Metodije. Voilà ce qu’est devenu l’État du Monténégro voulu par l’OTAN et l’Union européenne : un État qui convoite les biens de l’Église, frappe un évêque, dégage par la force les députés d’opposition et veut réécrire l’Histoire de son peuple. Un beau modèle de démocratie, il n’y a pas de doute...

La raison profonde de cette loi est la volonté d’effacer les racines serbes de la région. Le président Milo Đukanović, marionnette des atlantistes, a pour feuille de mission l'ancrage du Monténégro dans le giron de Washington et de Bruxelles, mais la tâche est difficile car les racines serbes du Monténégro sont très profondes et l’Église orthodoxe serbe y est très aimée et très bien implantée.

Pour lutter contre son influence, il a déjà créé une Église monténégrine schismatique qui n’est reconnue par aucune autre Église orthodoxe. C’est le même scénario qu’en Ukraine, où les atlantistes ont œuvré pour inventer une église ukrainienne autocéphale, contre la volonté des fidèles, afin d’amoindrir l’influence russe. Les fidèles ont tout simplement boycotté la nouvelle Église d’origine politique. Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

La prochaine étape consiste à mettre l’Église orthodoxe serbe complètement sous la férule de l’État monténégrin. La bataille s’annonce longue et pourrait très mal se terminer. Un député d’opposition rappelait, jeudi soir, que les armes des années 1990 pouvaient encore servir.

Ce vendredi matin, la tension est très vive, les événements de la nuit ont de quoi effrayer les fidèles, mais au Monténégro, ce sont les évêques qui sont en première ligne et ils ne mâchent pas leurs mots. Mgr Joanikije, l'évêque de Budimlje-Nikšić, a déclaré : « Nous nous défendrons dans chaque village, les églises ne tomberont pas entre les mains des sans-Dieu. » Avec des chefs comme ça, il n’y a pas de doute, les chrétiens du Monténégro n’ont pas dit leur dernier mot.

Nikola Mirkovic
Nikola Mirkovic
Responsable d’une association humanitaire

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