Cette semaine, regarder les informations télévisées, c’était comme assister à un film d’horreur. Sur toutes les chaînes, du matin au soir, on ne parlait plus que du coronavirus, cette nouvelle peste noire venue du Moyen Âge, ou plutôt de la Chine lointaine, et ce mélange d’exotisme et de maladie mystérieuse semait l’épouvante sur tous les plateaux. Fini la grève contre la réforme des retraites, qui de toute façon est finie depuis qu’elle a commencé, on ne parlait plus que de ça, impossible d’y échapper !

Aux débats de spécialistes, aux interviews de médecins et de scientifiques répondait un décompte au jour le jour des cas enregistrés en France. Quatre cas, puis cinq, six au moment où j’écris ces lignes, heureusement tous sortis d’affaire et en bonne santé. Il y avait vraiment de quoi trembler, surtout lorsqu’on pense que la grippe simple fait tous les ans, en France, plusieurs milliers de morts sans qu’on en parle. Et ces quatre à six cas étaient suivis heure par heure, devant chacun des hôpitaux où ils étaient mis à l’isolement, encerclés de médecins et d’infirmières vêtus de combinaisons en plastique et le visage caché sous un masque, les correspondants sur place donnaient 24 heures sur 24 de leurs nouvelles. Les informations se confondaient avec un film d’épouvante. La terreur s’était installée en France…

Mais une autre information désastreuse venait frapper les esprits : c’était l’annonce de l’impact du coronavirus sur l’économie. Une vraie tragédie néo-libérale, inspirée de Sophocle. Les agences de voyages qui amènent tous les ans, en France, la foule innombrable des touristes chinois voyaient leurs réservations en chute libre, et les compagnies d’aviation annulaient une bonne partie de leurs vols. Des milliards d’euros étaient ainsi perdus par le secteur du tourisme…

Heureusement, et pour rassurer la Bourse, un député LREM imaginait - c'était du second degré ! - qu’on pourrait utiliser le virus pour résoudre le problème des retraites. Ah ! s’il pouvait frapper tous les Français de plus de 70 ans… Plus de grèves, de manifestations, on pourrait même augmenter les pensions des rescapés. Et une autre consolante économique, cette entreprise qui fabrique des masques de protection et dont le chiffre d’affaires avait quadruplé sous l’effet du virus. Car à force de voir les Chinois avec ce machin sur le nez et la bouche, de plus en plus de téléspectateurs en achetaient, et dans le cadre de la lutte contre les discriminations, le port du voile islamique était même recommandé pour raisons médicales.

Mais, soudain, une voix s’élevait pour dénoncer le scandale des scandales en la matière ! Robert Badinter, épouvanté, furieux, poussait un grand coup de gueule : alors que de petits plaisantins comparaient Macron au virus (on parlait même de « Macronovirus »), des manifestants avaient osé promener une tête en plastique du Président au bout d’une pique, parodie des massacres de la Révolution française, d’où est pourtant sortie notre République. Mais ce grand républicain était scandalisé. Peut-être couvait-il le coronavirus ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/03/2020 à 10:53.

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02 février 2020 à 20:04

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