Depuis des années, l’oligarchie politico-médiatique européenne crie au loup en pointant son regard vers l’extrême droite. Celle-ci n’a pris le pouvoir nulle part, et quand elle y a participé, en Autriche, ce fut sous le joug d’une condamnation générale de la part du système. L’extrême gauche devient majoritaire en Grèce. À l’évidence, la parenté communiste de SYRIZA n’effraie pas. Pourtant, cette victoire annoncée avec le sourire par des journalistes qui feraient une tête d’enterrement si c’était l’autre extrême qui l’emportait relève du scandale.
Les socialistes grecs ont fait rentrer leur pays dans l’Euroland en fraude. La logique économique aurait dû obliger ce pays à retourner dans le monde réel. La troïka CE-BCE-FMI a préféré éviter cette défaite de la construction européenne. Elle a donc puissamment aidé la Grèce, mais en lui imposant des réformes contraires à son histoire et à sa sociologie.
Les efforts entrepris par le gouvernement de centre droit ont porté leurs fruits sur le plan économique, puisque la Grèce a réduit ses déficits et retrouvé une légère croissance. La souffrance sociale a, en revanche, été insupportable avec une montée du chômage à 26 % et l’installation d’une réelle pauvreté. La dette à 175 % du PIB et avec des taux qui restent élevés est toujours préoccupante. Le succès de M. Tsípras, c’est celui d’une démagogie éhontée : il a gagné, non pas en disant que la Grèce quitterait la zone euro dont les contraintes sont inacceptables, mais en faisant croire qu’il pouvait offrir aux Grecs l’huile d’olive, la fin de l’austérité, l’argent de l’huile d’olive, le maintien dans l’euro moyennant une renégociation de la dette transférée en partie sur le contribuable européen, et le sourire de Mme Merkel en prime.
L’impossibilité de réaliser un tel programme conduira soit à une déception des électeurs qu’on aura, une fois de plus, bernés, soit à une nouvelle crise européenne. Les Espagnols qui ont déployé des efforts considérables mais subissent un chômage record qui ne recule que lentement seront en droit de crier à l’injustice et de faire gagner Podemos. Les marchés risquent de mal réagir. Et cela alors que la planche à billets, cette vieille recette des États laxistes, a été mise en route par la BCE avec « Super Mario » Draghi, pour le bonheur des gouvernants qui n’ont pas fait les réformes nécessaires et en sont récompensés, comme M. Hollande. Que l’occasion de relancer l’appareil productif français ait été manquée importe peu. Louis XV, aussi, quittant les bras de la Pompadour pour ceux de la Du Barry, disait, paraît-il, « Après moi, le déluge ! »
L’enseignement le plus fort de cet événement, c’est la révélation de l’abîme qui s’est creusé entre les peuples et la caste qui les gouverne. La ressemblance entre M. Tsípras et M. Hollande, ce n’est pas la gauche, c’est le mépris envers ces braves électeurs à qui on peut faire gober n’importe quoi...
Le vote grec est donc d’abord une révolte contre les oligarchies, celle de leur pays et celle de l’Europe. La première a entraîné la Grèce dans l’Euroland par la fraude, la seconde a laissé entrer ce pays dans un bizarre système monétaire fondé sur un rêve politique, mais contraire aux réalités économiques. L’acharnement thérapeutique européen a conduit les Grecs à un sursaut. Les drapeaux à marteau et faucille, l’enthousiasme des Mélenchon et consorts donnent le sentiment que le « passé d’une illusion », analysé par François Furet, le communisme, est redevenu pour certains son avenir. L’euro est un fardeau, sa baisse est un cadeau pour les économies les moins compétitives. La victoire de l’extrême gauche grecque risque de bercer les Européens dans l’illusion qu’ils pourront maintenir leur niveau de vie sans accroître leur compétitivité, avec ou sans monnaie unique. Cette illusion est mortelle.
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