On finissait pas douter de ce que l'on voyait, entendait, constatait : un mécontentement généralisé confinant à la révolte et, malgré cela, des sondages vous répétant en boucle qu'Emmanuel Macron était au plus haut en termes de popularité.

Le dernier sondage Ipsos publié par Le Point vient apporter un peu de cohérence et mettre fin aux doutes. Titre choc pour sondage choc : « Avis de tempête au sommet de l’État. » Et, en effet, les chiffres enregistrent enfin ces sentiments que l'on percevait bien, avec une nouveauté : alors qu'avant, Emmanuel Macron planait au-dessus de son Premier ministre, TOUS, désormais, toute l'équipe Macron, de la base au sommet, du petit dernier au vieux grognard, est touchée. Et coulée.

Emmanuel Macron perd trois points, tombant à 35 % d'opinions positives, mais cela correspond à un décrochage brutal (de 10 points !) dans les catégories populaires, ce qui explique, dans un autre sondage, qu'il soit désormais devancé par Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle. Comment en irait-il autrement quand les conséquences économiques et financières commencent à se faire durement sentir ? Pour Jean Castex, la chute est de 4 points, à 32 %. Et les deux têtes de l'exécutif entraînent tout le gouvernement avec eux : Roselyne Bachelot (-5), Éric Dupond-Moretti (-4 points, à seulement 26 %), Marlène Schiappa (-7 points, à 20 % !). Pire : les deux ministres les plus actifs sur le front de la pandémie décrochent aussi : Olivier Véran et Jean-Michel Blanquer perdent tous les deux 4 points. Leurs mensonges, leurs cafouillages permanents, leurs stratégies de diversion suscitent la défiance.

Mais une autre nouveauté émerge de ce sondage dans l'analyse des strates de popularité : à la défiance majeure des classes populaires s'ajoute, pour Emmanuel Macron et son équipe, celle de ses propres troupes. En effet, c'est au cœur même de l'électorat macroniste que les chutes sont tout aussi spectaculaires : Olivier Véran y perd 8 points, Blanquer 14 ! Quant à Marlène Schiappa, c'est du -23. La banquise.

Certes, cet effondrement ne semble profiter à personne, Marine Le Pen ne passant devant Emmanuel Macron que par défaut. Mais, plus que jamais, ce sondage rappelle deux enseignements.

D'abord, à nouveau, comme en 2017, un boulevard est ouvert, large, celui dans lequel le même Emmanuel Macron avait su s'engouffrer. Plus large encore, avec la chute de la maison Macron.

Ensuite, la prochaine présidentielle se gagnera sur deux fronts, ceux des deux catégories qui lâchent aujourd'hui Emmanuel Macron : le peuple, bien sûr, mais aussi l'électorat des classes moyennes et supérieures séduites par son image de compétence, de modernité, de réussite économique, image qui n'en finit plus de se fracasser sur le mur de la réalité.

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27 janvier 2021 à 12:08

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