Tout un chacun s’offusque de la filouterie de Volkswagen quant à ses moteurs diesel, mais qui songe à demander à nos amis yankee de commencer par balayer devant leur porte ? Car, en Europe, nul ne s’est formidablement ému des logiciels pirates dont Microsoft et consorts truffent nos ordinateurs. Cela paraît pourtant largement plus grave, nos données personnelles et industrielles étant filtrées et scrutées par les méga-robots des cyber Big Brothers. Et qui s’indigne encore de ces bœufs importés, gavés d’hormones et d’OGM ? Ici, l’habituelle dictature hygiéniste s’efface devant les considérations commerciales.
Ne serait-il pas opportun de ne plus nous plier mécaniquement aux oukases/chantages/concessions à perpétuité qui nous détruisent moralement, économiquement et politiquement ? Prenons l’exemple de la condamnation de BNP Paribas, le 1er mai 2015, à 8,9 milliards de dollars d’amende américaine pour avoir facilité des transactions en dollars avec le Soudan, l’Iran et Cuba, alors sous embargo…
La BNP a été l’objet d’un chantage et elle a payé pour avoir été abandonnée par l'État français, tout comme la firme allemande le sera par l'État allemand. Lâcheté identique de la part des syndicats ouvriers d’ordinaire si forts en gueule, qui ont laissé Peugeot perdre, en 2012 (suite à son "pacsage" avec General Motors), la vente à l’Iran de quelque 458.000 véhicules annuels. Téhéran subissait alors les rigueurs d’un implacable blocus à géométrie variable… draconien pour les alliés, souple pour les industries nord-américaines. Nous avions déjà vu cela avec l’affaire “Pétrole contre nourriture” en Irak. Bref, Volkswagen subit à présent une offensive juridique de même finalité : éjecter la concurrence en maniant avec dextérité la trique juridique.
De la même façon, Michel Platini, candidat favori à la présidence de la FIFA - lequel n’a bien entendu rien d’une oie blanche -, à qui il est aujourd’hui fait grief d’un juteux contrat… qui masque mal la vilaine embrouille destinée à faire passer aux forceps le candidat américano-qatari Ali Al Hussein ci-devant prince jordanien.
In fine, pour ce qui est de la vente récusée de deux bâtiments de classe Mistral à la Russie, nous atteignons des abysses dans la soumission à l’administration Obama. Le 25 septembre, l’Élysée annonçait la vente des deux navires à l’Égypte pour 950 millions d’euros : le temps est donc venu de faire les comptes ! Le manque à gagner sera assumé par la COFACE, assurance parapublique contre les risques à l’export ; autant dire le contribuable…
Avec un coût d’un million d’euros par mois et par bateau, au printemps 2016, date de la livraison à l’Égypte, la facture de gardiennage s’élèvera à près de 25 millions d’euros. Le déshabillage des équipements russes doit se poursuivre jusqu’en janvier pour un montant estimé à dix millions d’euros. La transformation des Mistral conçus exclusivement pour les mers froides atteindrait une centaine de millions, voire 3 à 400 ! Auxquels viendra s’ajouter la formation des personnels égyptiens (non chiffrée).
Une transaction monstrueusement loufoque, quand on mesure l’incidence désastreuse de cette contrevente sur notre crédibilité commerciale et politique. La France décrédibilisée et son inénarrable Président, échappé des tréteaux de la commedia dell'arte, sont une nouvelle fois la risée des chancelleries. Revirement, mévente et revente bien dans la ligne des successives redditions sans condition consenties par nos acteurs économiques face aux prédateurs nord-américains. Ne sommes-nous pas en guerre ? En 2005 paraissait le testament politique de François Mitterrand :
La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique… une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique… Les Américains sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.
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