Sarkozy, Jospin, MEDEF : le vieux monde au secours de Macron

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Emmanuel Macron devait tout dynamiter. En poussant la France à « penser printemps », en se voulant « disruptif », en envoyant à l'Assemblée un mélange d'ambitieux de seconde zone et de vieux politicards sans convictions, il avait, disait-on, bouleversé les équilibres. Comme un vertigineux trou noir, il a fait disparaître la gauche en 2017 et la droite en 2022. Le nouveau monde, c'est donc du vide, un vide fascinant, qui absorbe tout et ne rend rien.

Seulement voilà : ce qui reste refuse de disparaître dans la mondialisation, la pensée unique, le libéralisme économique, le progressisme sociétal. Ouvriers, employés, ruraux, chômeurs, musulmans, catholiques ont refusé cette soupe à la fois étouffante et insipide. Ils ont voté Mélenchon, Le Pen ou Zemmour. Peuple à la nuque raide, qui, comme pour la Constitution européenne, refuse la potion miraculeuse ! Il suffira de le forcer.

Alors, on voit déboucher des souterrains, comme ressuscités par cette lumière inattendue, tous les chevaux de retour du vieux monde, dont on découvre qu'il ressemble au nouveau comme un frère. Lionel Jospin, après vingt ans de retraite, vient réciter le catéchisme de la lutte contre la haine. Nicolas Sarkozy, après un silence méprisant envers la triste Valérie Pécresse, vient d'annoncer lui aussi son soutien à Macron. Le MEDEF, pourtant censé être apolitique, s'en remet au Mozart de la finance, des relations internationales et de tout le reste. En Europe, le Luxembourg, paradis fiscal et membre fondateur de l'Union européenne, s'inquiète de l'hypothèse Le Pen. On attend encore les curés en chaire à Pâques et les profs dans la rue à la rentrée (pour certaines zones), et le tableau sera complet. Le monde des gens bien a honte. On attend le documentaire sur les élections allemandes de 1933 à la télévision, et la visite du Président Macron au mémorial de la Shoah. Ça ne devrait plus tarder.

Cela veut-il dire que les Français, eux aussi, sont pris de frayeur et de honte, comme après un accès de folie collective ? Pas vraiment. Certains électeurs LFI (29 %, selon Valeurs actuelles) envisagent de voter Le Pen, malgré les consignes de Mélenchon, pourtant claires. Beaucoup n'ont pas la mémoire si courte que Macron le voudrait et retiennent les gilets jaunes, les petites phrases, l'abaissement du pouvoir, les cadeaux aux amis...

Le vieux monde fait-il bloc contre la menace ? On a plutôt l'impression qu'il tire ses dernières cartouches, qu'il envoie sa vieille garde. Pour apprendre au bon peuple à mettre un masque sur le nez, Véran ou Attal suffisaient. Pour apprendre au bon peuple à obéir aux consignes de vote, il faut du lourd. Du vieux soldat.

Chose amusante, les soutiens de Macron sont des perdants : Jospin en 2002, Sarkozy en 2012, et même Fillon en 2017. Faut-il y voir un signe ? À bout de souffle, dos à dos, les vieux profiteurs se serrent les uns contre les autres, protégeant leurs prébendes, que matérialise Emmanuel Macron. Cela tiendra peut-être. Cela tiendra peut-être même jusqu'aux législatives. Mais peut-être, aussi bien, est-ce terminé. Marine Le Pen va devoir peaufiner son débat. Les gens regardent.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/04/2022 à 18:05.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

147 commentaires

  1. Le vote du 24/04/2022 est une guerre, non pas une bataille, entre les patrotes et les traîtres ! Si Macron est reélu il sera plus autoritaire envers les Français et détruira la France !

  2. Les soixante huitards embourgeoisés qui ont cocufié les classes populaires et moyennes volent au secours de la pire engeance financière. On les a entendues s’engueuler sur les plateaux et maintenant Embrassons nous Folleville! Vomitif!

  3. Toutes ces vieilleries un temps opposées , nagent à présent dans le même marigot  » républicain qu’ils disent » , ce sont ces fossoyeurs qui sont responsables du désastre et de la mort de la France , son immigration , sa religion de paix … Le système en veut encore car la dépouille n’est pas encore refroidie …!!!

  4. Ras le bol des ses vieux politiciens de Droite et Gauche qui ont détruit la France depuis 40 ans !
    Allez planter vos choux !
    Ça va péter !

  5. Je voulais voter LFI mais son jacobinisme et son attitude envers l’immigration me gène…
    Je voulais voter Roussel, il était très bien mais l’entendre utiliser, sans sourciller, le vocabulaire de Biden me gène.
    Je ne pouvais pas voter Hidalgo, j’habite Paris.
    Il me restait Jadot mais le voir retourner sa veste sur le gaz de schiste m’a inquiété sur la solidité de ses convictions.
    A gauche il me reste Poutou , N’est pas malhonnête c’est un peu limité.
    Dur dur d’être de gauche aujourd’hui.

  6. Tous ces soutiens à macron, ces « pas une voix » à M.L P.,….Cela démontre bien qu’ils sont tous copains comme cochons, et que l’ A. N. n’est qu’une supercherie, un semblant de démocratie. Leurs débats ? une pièce de théâtre pour faire croire que…et ces acteurs n’ont ni convictions, ni amour-propre.
    Les électeurs n’ont le droit que d’appliquer les consignes de vote ? Ou ont-ils encore le droit de penser, de réfléchir par eux mêmes ?
    Ils ne veulent surtout pas partager le gâteau .

  7. Et on va éviter de parler avec trop de précisions, de l’islam, du terrorisme islamiste, de l’immigration, de l’insécurité. Macron fait çà sans problème , et le Pen fait de gros efforts pour en faire autant. Ils se disputent tous les deux les voix des immigrés qui sont en majorité des musulmans.

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