Le terrible accident d’avion (assassinat, plutôt) de cette semaine anime tous les médias ; les débats, bons ou mauvais, sont nombreux et les « experts » se suivent pour "expliquer". Les conférences de presse, comme celle du procureur, nous ont démontré que le copilote allemand avait "volontairement provoqué le crash".
Au-delà de la sidération, de l’indignation, du choc, voyons les leçons à en tirer. On apprend que ce pilote était atteint d’un trouble psychiatrique, qu’il était sous traitement et que son état avait nécessité un arrêt dans sa formation. Mais selon Lufthansa, tout était redevenu normal, et il avait eu sa licence de pilote. Pourtant, on découvre que son traitement était durable (sans doute un état proche de celui d’un bipolaire) et qu’il aurait dû être en arrêt de travail.
Cela pose effectivement le grave problème du secret médical et de la médecine du travail. Médecine battue en brèche par tous les gouvernements, avec des arguments plus que suspects. On lui reproche d’empêcher les entreprises de faire ce qu’elles veulent, on lui reproche de s’occuper de ce qui ne la regarde pas. On lui reproche aussi, côté salariés, de donner des indications qui risquent de porter préjudice à la carrière. Enfin, reproche le plus grave : « elle coûte de l’argent ». Ces médecins sont entre le marteau et l’enclume, s’ils émettent un avis d’inaptitude le salarié perd son emploi, s’ils délivrent une aptitude à un individu atteint d’une pathologie, ils font prendre un risque à la population. Quoique difficile, ce métier est pourtant indispensable à la société.
Si j’aborde le sujet sous cet angle, c’est que le problème existe bel et bien dans tous les domaines et que tout le monde ferme les yeux. Quand il s’agit d’un avion qui tombe en faisant 150 morts, cela fait les gros titres dans le monde entier. En revanche, personne ne parle des accidents du travail provoqués par les prises continues de substances psychiatriques, personne ne parle des accidents de voiture provoqués par les prescriptions médicales. Il faut le répéter : une personne sous drogues psychiatriques, même équilibrée, ne peut conduire de voiture, de machine et encore moins autrui.
Le problème essentiel est celui de l’aptitude psychiatrique des individus à assumer des responsabilités pouvant mettre en jeu leur vie et celle des autres. Les médecins invoquent légitimement le secret médical qui est une garantie pour les patients. Les entreprises se retranchent également derrière ce secret, qui leur permet d’affirmer : « Nous ne sommes pas au courant. » Ajoutons à cela que la médecine psychique est mal acceptées dans le monde du travail. Argument permanent : « Je ne suis pas fou. »
Nous entendons les syndicat de pilotes affirmer que tout est fait pour que les déséquilibrés soient écartés, mais en même temps ils avouent (Europe 1, jeudi) que si un collègue allait mal, ils ne le trahiraient pas, de peur de lui faire perdre son job (sic). S’intéresser aux précautions à prendre, pour tous les métiers, est urgent.
Le même jour que le crash, un directeur d’école récidiviste était arrêté pour viol… autre problème psychologique que l'on n'a pas pris la précaution de traiter comme il aurait fallu. Sans parler des chauffeurs de bus, alcooliques notoires ou bourrés de drogues psychiatriques pour tenir le coup, et qui conduisent toujours. Sans parler de toux ceux, nombreux, qui sont diagnostiqués schizophrènes (ou autres pathologies lourdes) et qui ne sont pas vraiment suivis. Comme on peut le voir, le crash de l’Airbus nous impose de revoir complètement les mesures préventives. Pour cela, il est nécessaire que la médecine du travail retrouve toute sa place, que les psychologues soient utilisés à autre chose que des cellules de crise post-accident.
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :