Sandrine Rousseau a un compagnon « déconstruit ». Si Yannick Jadot la « déconstruisait » aussi ?

Sandrine Rousseau

Il fut un temps, pas si lointain, où les débats entre écolos n’étaient pas réputés passionner les foules. Le très pince-sans-rire journaliste du Figaro Ronan Planchon en avait même fait un tweet, le 9 septembre dernier, qui avait fait un triomphe, « liké » plus de 27.000 fois : « Un cousin : 26 ans, plutôt sportif, aucune comorbidité. Deuxième injection de Pfizer il y a trois jours. Hier, on l’a surpris devant le débat des candidats à la primaire écologiste… »

Mais il faut reconnaître - magie de la sorcellerie ? - que Sandrine Rousseau, grâce à une alchimie dont elle seule a le secret, transforme une prestation soporifique en machine à buzz échevelée, comme le prince charmant, d’un baiser, réveille la belle au bois dormant.

Et précisément, Sandrine Rousseau, sur LCI, dans le débat qui l’opposait à Yannick Jadot, le 22 septembre, avant le 2e tour, a parlé de son prince charmant, enamourée et tout sourire : « Moi, par exemple, je vis avec un homme déconstruit, et j’en suis hyper heureuse (sic). »

Ruth Elkrief, un peu interdite, veut aller plus loin : « Qu’est-ce qu’un homme déconstruit ? » Nul ne le saura. Sandrine Rousseau a déjà changé de sujet. Sur les réseaux sociaux - Playmobil™ en pièces détachées, notices Ikea, Lego™ dispersés sur la moquette -, les suggestions vont bon train. Forcément, on imagine le brave homme en rondelles bien empilées, tel un pain complet mis par la boulangère dans un sac en plastique et attendant au fond d’un congélateur qu’on le consomme. On ne saurait trop conseiller aux terroristes afghans, que Sandrine prévoyait de surveiller en les gardant sous la main, de rester à Kaboul. Venir ici ne serait vraiment pas prudent.

 

Halte au feu, bande de ploucs ! Relisez Derrida, ne pas confondre destruction et déconstruction qui est, bien sûr, un concept philosophique, un élément de langage sociologique.

Au fond, quelle différence ? Une simple nuance d’horloge. Démontage pierre par pierre ou dynamitage, le résultat est le même : les théories de déconstruction, dites « French theories », ont fait des mœurs françaises lentement sédimentées durant des siècles un champ de ruines.

Seules les femmes, bien sûr, peuvent se vanter de la déconstruction de leur « partenaire », comme on dit chez les écolos. Si Yannick Jadot parlait en ces termes d’Isabelle Saporta - qui, du reste, ne doit pas être du style à se laisser facilement réduire en puzzle -, il passerait pour un pervers, sinon pour un serial killer. Il l’a bien compris et reconnaît piteusement son handicap dans la (molle) réponse qu'il lui fait : « Je suis un homme blanc hétérosexuel mais je me sens légitime à défendre les personnes trans et homosexuelles », n’osant peut-être pas, à l’instar, jadis, de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal, taper trop fort… Cliché sexiste, quand tu nous tiens.

Sinon, pourquoi ne mettrait-il pas Sandrine Rousseau face à ses contradictions ? Si le combat de sa rivale est vraiment « l’écoféminisme » dans le sillage #MeToo, pourquoi soutient-elle inconditionnellement Assa Traoré, dont le frère, feu Adama Traoré, a été accusé de viol par un codétenu (indemnisé par l’État pour cela), et qui fait dans la presse la promotion de la polygamie à travers son exemple familial ?

Faut-il que Sandrine Rousseau n’ait aucune empathie pour Les Impatientes, héroïnes poignantes du roman éponyme de Djaïdi Amadou Amal, prix Goncourt lycéen 2020, dont les maris imposés et impérieux feraient passer Denis Baupin - le grand combat, comme on sait, de Sandrine Rousseau - pour un révérend inhibé de Jane Austen ? Ou qu'elle n'ait jamais lu Ainsi soit-elle, célèbre manifeste féministe fondateur qu'écrivit Benoîte Groult en 1975, et qui, notamment pour dénoncer la polygamie, reprend à son compte cette citation très dure d'Ernest Renan « L’islam [est] le plus lourd boulet qu’ait jamais eu à traîner l’humanité » ?

Il serait temps, pour Yannick Jadot, de déconstruire Sandrine Rousseau. Avec les bons arguments.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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