Plus 200.000 entrées en salles ont été enregistrées, à ce jour, pour le film Vaincre ou mourir, de Vincent Mottez et Paul Mignot, et dont la production est assurée par le Puy du Fou. Un vrai succès populaire auxquels Libération, L’Humanité, Le Monde et Télérama ne sont pas étrangers en ayant attiré l’œil du lecteur et du futur spectateur par sa diabolisation des contre-révolutionnaires vendéens. Le film relate l’héroïsme du chevalier François Athanase Charette de la Contrie, un des chefs militaires de l’Armée catholique et royale dont les hommes périrent dans l’atroce génocide vendéen qui a compté près de 200.000 victimes, dont 40.000 commises par les colonnes infernales en 1793-1794.

 L’histoire ? L’aristocrate Charette de la Contrie et son mouvement populaire essentiellement composé de paysans seront défaits dans les marais de Savenay, en pleine Terreur vendéenne. Ils combattent pour Dieu et le roi, en défendant le peuple vendéen face aux armées révolutionnaires qui ont reçu l’ordre de la Convention d’envoyer des soldats républicains assoiffés de sang se réclamant d’une « liberté » fictive. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », dira Saint-Just.

La Convention nationale, par l’entremise de Barrère notamment, stipule : « Détruisez la Vendée. » Puis elle cherche à anéantir les « brigands », cette « race rebelle ». Les Vendéens sont éradiqués non pour ce qu’ils font mais bien pour ce qu’ils sont. Les décrets d’anéantissement des Vendéens confirment cette réalité historique.

À la tête des colonnes infernales » se trouve le général Turreau- celui qui porte le surnom de « bourreau de la Vendée » -, qui applique scrupuleusement la volonté de la Convention nationale dont le but ultime, en 1794, est d’éradiquer la Vendée par les plus grands massacres organisés. Pour cela, toutes les exactions sont légitimes : femmes violées et éventrées, enfants noyés ou bayonnettés, vieillards cloués aux portes de leurs fermes, etc. Paris les considère comme « la race maudite ». De son côté, Carrier, à Nantes, ordonne que des milliers de prisonniers soient coulés dans la Loire. C’est ce que l’on appellera « la baignoire nationale ».

« Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de nos chevaux, massacré les femmes qui, au moins celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. Nous ne faisons pas de prisonniers, car il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire » proclame, très franchement, le général Westermann, fier de lui, à la Convention nationale, en novembre 1793. Mais il est bien connu que la Révolution dévore ses propres enfants. Westermann sera exécuté, quelques mois plus tard, pour cause d’une trop grande « indulgence » (sic).

Les exemples de la Terreur sont multiples. La geste chevaleresque de Charette et de son armée catholique et royale s’avère édifiante. C’est bien ce que relate le film Vaincre ou mourir, qui est certes partisan, mais dit une vérité trop souvent interdite. Le film est-il encore partisan, alors ?

Quant aux défauts cinématographiques de cette production française, il faut mentionner le découpage rocailleux au détriment d’un montage plus fluide, un budget trop petit pour égaler les superproductions hollywoodiennes et trop grand pour une épure qui aurait été souhaitable, une apparition artificielle de Louis XVII et d’un cheval blanc ensanglanté. Mais, comme le souligne à juste titre-Jean Christophe Buisson dans Le Figaro Magazine du 20 janvier 2023 : « […] Ce premier film produit par le Puy du Fou possède les qualités didactiques de ses défauts artistiques. » Et Buisson de se poser la question de savoir pourquoi Charette (excellemment interprété par Hugo Becker) n’a jamais fait l’objet d’un précédent film au cinéma, tout en s’efforçant d’y répondre avec justesse : « Parce qu’il prit les armes contre Marianne, aujourd’hui sacralisée ? Sans doute. Après tout, rares sont les films saluant de nos jours les héros qui ont fait la France au nom des rois et non de la République- Bayard, du Guesclin, le Grand Condé… Comme si le roman républicain avait pris le dessus sur le roman national. » Mais existe-t-il un roman national qui fasse abstraction du roman républicain ? C’est une autre question…

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19 février 2023 à 14:42

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