Quel avenir pour le télétravail ?

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Pesant pour les uns, libérateur pour les autres, le télétravail s’est imposé en même temps que le virus et, avec lui, son lot d’avantages et d’inconvénients. Trop heureux de quitter enfin le triptyque métro-boulot-dodo, certains ont saisi la belle aubaine pour changer de vie et se mettre au vert. Ils ont quitté la Défense pour leur petite maison dans la prairie ou des conférences en visio depuis les Canaries. Las, sitôt passé l’engouement des premiers jours du confinement, ce sentiment de liberté loin du patron, des collègues ou de la machine à café, ils découvrent que ce n’est pas si bon pour le moral ou la santé.

Prise de poids liée au grignotage et à la sédentarité, douleurs lombaires en raison d’une mauvaise installation, difficulté à cloisonner travail et vie privée, mais aussi et surtout sentiment de solitude malgré les nombreuses connexions… Ce qui semblait la panacée commence à se nuancer. Et si la vie numérique n’était pas aussi idéale qu'on veut bien nous la vanter ?

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : sans télétravail, nous serions nombreux à ne pouvoir exercer notre activité, et reconnaissons que sa généralisation forcée aura au moins permis de faire voler en éclats ces idées reçues sur le manque de productivité ou l’érosion du sentiment d’appartenance. Le confinement a prouvé qu’on travaille autant voire plus de chez soi et que les salariés ont besoin de se retrouver.

Mais se contenter de peser le pour et le contre du télétravail reviendrait à survoler les mutations en cours et les questions à se poser, notamment en matière de flexibilité. « On peut tout à fait se sentir seul au bureau au milieu de ses collègues, et bien entouré, seul, en distanciel », explique Mickaël Cabrol, CEO et fondateur d’easyRECrue dans Capital. À l’aune de ces nouvelles organisations de travail, il s’interroge : « Comment réinventer la présence au bureau et faire en sorte que les moments en entreprise soient différents de ceux passés en télétravail ? On peut choisir, par exemple, de passer moins de temps devant l’écran, en visioconférence, et de favoriser les moments d’échanges “vrais”, particulièrement propices à la créativité. » Une faço, selon lui, de transformer ce temps de présence en « autre chose qu’un ordinaire partagé ». Et, paradoxalement, « à retrouver de la proximité à l’heure de la distanciation sociale ».

Si nos méthodes et notre rapport au travail seront durablement impactés par la pandémie, il est inéluctable que le télétravail soit amené à se développer. Laurent Taskin, expert en management à l’Université catholique de Louvain, préconise également, dans L'Écho belge, un modèle hybride alliant télétravail et présence en entreprise, encadré par un management adapté, afin « que le travail à distance ne nous mette à distance de notre travail ». Il illustre cette jolie formule d'un exemple : « Il faut éviter de porter uniquement l’évaluation sur un résultat visible qui invisibilise les travailleurs et la manière dont ils réalisent leur travail. » Finalement, en permettant une nouvelle approche basée sur un management plus humain, en expérimentant une plus grande confiance et en recherchant de vrais échanges, cette crise peut aussi porter quelques beaux fruits.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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