Qatargate : quand ces eurodéputés socialistes au cœur du scandale faisaient la morale à Orbán

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Onde de choc au Parlement européen. Depuis vendredi 9 décembre, plusieurs perquisitions ont été menées à Bruxelles et des personnalités ont été auditionnées et placées derrière les verrous en vue d’une éventuelle mise en examen. Ce scandale de corruption éclabousse notamment les eurodéputés socialistes – membres de l’Alliance progressiste des socialistes et des démocrates (S&D) -, pourtant si généreux en leçons de morale.

Le groupe S&D dans le viseur

L’enquête ouverte par le parquet fédéral belge pour « faits présumés d’organisation criminelle, de corruption et de blanchiment » touche – pour le moment – particulièrement le groupe S&D au Parlement européen. Éva Kaïlí, vice-présidente grecque de l’Assemblée et membre des sociaux-démocrates, a été interpellée et écrouée après que des « sacs de billets » ont été découverts à son domicile grec. Francesco Giorgi, son compagnon, qui travaille comme assistant parlementaire à Bruxelles depuis 2009, ainsi que Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé du S&D et fondateur de l’ONG Fight Impunity, ont également été placés derrière les barreaux dans le cadre de cette affaire. D’autre part, les bureaux des assistants parlementaires de Marc Tarabella et Marie Arena, tous deux eurodéputés membres des sociaux-démocrates, ont été perquisitionnés et placés sous scellés.

Si les investigations sont en cours et que tous demeurent présumés innocents, un faisceau d’indices tend à démontrer l’existence d’un fort lobbying qatari – voire d’une corruption, l’enquête le dira - auprès de ces personnalités. De quoi éclairer les positions de chacun. À titre d’exemple, outre une visite récente au Qatar, Éva Kaïlí déclarait, le 21 novembre dernier, devant des eurodéputés sidérés : « Aujourd’hui, la Coupe du monde au Qatar est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut réussir la transformation d’un pays […]. Le Qatar est un précurseur en matière de droits du travail. » Des propos qui s’inscrivent dans la lignée de ceux tenus par Pier Antonio Panzeri à Doha en 2019, lorsqu’il considérait le Qatar comme « une référence en matière de droits de l'homme ».

Des eurodéputés moralisateurs

Ces eurodéputés au-dessus de tout soupçon n’ont eu de cesse de donner des leçons de morale ces dernières années. Leur cible préférée ? Viktor Orbán qui, selon Marie Arena, aurait fait de la Hongrie « un pays dictatorial ». Le jour même où le groupe S&D s’oppose, dans sa grande majorité, à une résolution sur les violations des droits de l'homme au Qatar, ces mêmes socialistes européens publient un communiqué accusant le président hongrois de ne « pas respecter l’État de droit ». Cette aversion pour le gouvernement conservateur de Hongrie n’est pas nouvelle. En 2018, Panzeri qualifiait de « moment historique » l’engagement des poursuites européennes contre Orbán. Au même moment, son collègue, Marc Tarabella, écrivait : « Victoire ! Nous avons obtenu une majorité pour enclencher l’article 7 contre le gouvernement Orbán. La corruption, les violations des valeurs ne peuvent rester impunis. » Quatre ans plus tard, « la violation des valeurs » prend une saveur particulière.

Ces eurodéputés ne sont pas en reste pour donner des leçons de morale sur la question migratoire. Au moment de la crise de l’Aquarius (bateau de SOS Méditerranée) en juin 2018, Panzeri dénonçait « le manque de solidarité » du gouvernement italien. Plus récemment, le groupe entier des S&D appelait à « ne plus criminaliser les ONG » qui viennent en aide aux migrants en mer et s’insurgeait contre « le récit préjudiciable colporté par l’extrême droite ».

 

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Ces eurodéputés socialistes répondent toujours présents pour défendre les « droits LGBT » contre les gouvernements conservateurs de Pologne ou de Hongrie ou pour reprendre le discours d’autoflagellation des Black Lives Matter. Mais, cette fois-ci, ces procureurs du bien risquent de se retrouver sur le banc des accusés.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 14/12/2022 à 19:13.
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

74 commentaires

  1. Ils prennent vraiment « les vessies pour des lanternes » ;ce qui sont à la tête de cette europe et particulièrement VON DER LEYEN , elle n’est pas « bleu blanc » avec les fameux vaccins « Pfizer » . Cherchez a savoir ou travail et quel poste a son époux et vous aurez tout compris . Cette pseudo europe est gangrénée à tout les niveaux avec des postes grassement payés . Et je suis presque certain que cette affaire n’est que la partie immergée de l’iceberg .

  2. La France n’a pas à faire la morale,nous avons oublié l’auto-amnistie votée par l’ensemble des députés après un important paquet d’affaires plus que louches dans les années 80 ou 90 .
    Que ces élus perçoivent une coquette somme mensuelle me semble révoltant ,à qui rendent-ils des comptes sur la gestion des sommes perçues ?
    Là nous n’entendons pas les grandes gueules de la NUPES, ou se trouve Mélenchon le donneur de leçons ,ce petit fils d’un pauvre exilé espagnol qui n’a jamais refusé ses 7000 euros de député de la république ?

  3. Cette personne va invoquer pour sa défense , une étourderie ou quelque chose dans ce genre ( 600.000 € en « images » saisis à domicile ) ! En plus , il faut être « benêt » pour tant de désinvolture ! Le terrible de cette affaire , c’est comment penser qu’ils ou qu’elles ne font pas tous (toutes) pareil . Cette révélation dans la période actuelle est catastrophique pour l’avenir de l’Europe Politique .

    • Eva Kaili a dit qu’elle ignorait qu’il y avait 600 000 euros chez elle !!! Ça doit être le Père Noël qui l’a déposé ! Franchement, quel toupet.

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