
N’est-ce pas paradoxal d’attribuer le « prix Humanisme chrétien » à une critique des droits de l’homme ? Car,il n’y a pas plus « humaniste chrétien » que les droits de l’homme. C’est pourtant ce prix qu’a reçu Grégor Puppinck pour son essai, La famille, les droits de l'homme et la vie eternelle, publié par les Éditions de L’Homme nouveau. Cet essai décrit, étape par étape, le naufrage idéologique contemporain des droits de l’homme et la réponse que les chrétiens devraient y apporter.
Les chrétiens se sont-ils fourvoyés en promouvant aveuglement les « droits de l’homme » et la fameuse « dignité de la personne humaine » ? L’essai répond : "Au regard de la religion catholique, les droits de l’homme sont redevenus une idéologie étrangère et dangereuse." Il ajoute : "Cela ne remet pas en cause le fait qu’il puisse exister une conception juste, et donc chrétienne, des droits et devoirs de l’homme ; mais ce n’est plus celle qui domine aujourd’hui."
Quant au concept de "dignité", Grégor Puppinck note qu’il est "autant fondamental qu’équivoque, et ses ambiguïtés contribuent autant à sa popularité qu’à son échec" ; "il est ainsi invoqué tant au soutien de l’euthanasie et du respect de la vie".
Alors que les droits de l’homme devaient protéger les personnes contre les gouvernements, ce sont aujourd’hui les gouvernements, et à travers eux la société, qui sont sommés, au nom des droits de l’homme, de satisfaire la variété des désirs individuels.
Ainsi sont réclamés de nouveaux droits de l’homme « antinaturels » : le mariage et l’enfant pour tous, l’euthanasie pour qui veut et l’avortement pour le quart des enfants européens ! Les droits de l’homme ont dégénéré, avec l’humanisme européen, en un individualisme exacerbé et nihiliste. Ils sont devenus la nouvelle religion officielle, et l’individu se comporte comme un petit dieu frustré qui se voudrait tout-puissant.
Cet individualisme a largement détruit les familles, socles vitaux de la société, lieu de la transmission de la vie et de tous les patrimoines. Grégor Puppinck constate : "La modernité individualiste est une impasse dans laquelle les personnes sont piégées par l’égoïsme, le matérialisme, et finalement l’absurdité de l’existence."
Comment sortir de ce piège ? En "libérant l’individu de lui-même" en lui rendant ses dimensions surnaturelles et sociales atrophiées par la culture contemporaine. Face au matérialisme et au nihilisme, l’auteur engage les chrétiens et l’Église non plus à soutenir une religion tiède et humaniste, mais à "extraire les individus de l’impasse obscure de la postmodernité en les libérant d’eux-mêmes par le haut, en leur révélant le Ciel". Il conclut : "Aucune réalité n’est plus discrète et plus grande à la fois que la vie éternelle dans laquelle notre existence est déjà incorporée : rien ne surpasse la connaissance de la véritable dimension de l’existence."