Prince Philip : une vie au service discret de Sa Majesté !

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C’était une époque où, lorsque les princes et princesses avaient du vague à l’âme, des envies de 5 à 7 autres que d’une cup of tea, tout ce beau monde avait le bon goût, commandé par une éducation sans faille, de garder cela pour soi et de n’aller point chialer dans la presse. Certes, la Couronne britannique branla un peu du chef lorsque le roi Édouard VIII renonça pour sa belle Américaine. Mais les choses revinrent vite dans l’ordre… pour quelques décennies du moins.

Cette époque, c’est celle où le jeune prince Philippe de Grèce entra dans la Royal Navy : 1940. Soixante-dix-sept ans plus tard, celui que la reine fit Lord-grand-amiral du Royaume-Uni en 2011 tire aujourd’hui sa révérence par un simple communiqué : "Son Altesse Royale le duc d’Édimbourg a décidé de ne plus honorer d’engagements publics à partir de l’automne." À l’heure où, en France, on se pose la question s’il faudra bientôt donner à la première dame de l’« Altesse républicaine » ou quelque chose dans le genre, le premier sieur du Royaume-Uni met les bouts. En vrai marin qu’il est toujours resté, c’est-à-dire sans faire trop de phrases, contrairement à l’idée reçue qui vogue chez nous depuis qu'Audiard y a mis son grain de sel.

Hier, le duc d’Édimbourg a présidé pour la dernière fois une cérémonie de la Royal Navy, certes sapé comme un milord - imperméable à la coupe impeccable, chapeau melon et peut-être bottines de cuir -, mais somme toute de façon assez simple quand on y pense, lui qui a revêtu, des décennies durant, les uniformes les plus chamarrés que l’on puisse imaginer. C’est ce qui s’appelle savoir partir comme un prince. Presque à l’anglaise. Mais toute sa vie, le duc est resté trois pas derrière la reine ; ce n’est donc pas à 96 ans qu’il va commencer une carrière de diva pour faire de l'ombre à sa reine.

On ne refera pas, ici, la carrière de celui qui partage le sort de la reine d’Angleterre depuis presque 70 ans. Il y a des Stéphane Bern (OBE[ref]Officier de l’Empire britannique[/ref]) qui font ça très bien. Mais avouons que ce parfait gentilhomme, couvert de titres et de décorations – dont la grand-croix de la Légion d’honneur depuis 60 ans -, mérite tout simplement le respect. Car des sacrifices, il en fit. Oh, certes, diront les esprits revendicatifs, il vaut mieux avoir passé sa vie à couper des milliers de kilomètres de ruban que d’avoir déroulé du câble sans en avoir jamais vu le bout. Mais tout de même.

Le prince Philip était passionné par son métier d’officier de marine. Il dut y mettre un terme.
Il avait été élevé dans la religion orthodoxe. Il dut se convertir à l’anglicanisme.
Il était né prince de Grèce et de Danemark. Il dut renoncer à ses titres royaux, juste avant de se marier.
Il dut prendre le nom de sa mère, née Mountbatten (traduction anglaise du patronyme allemand Battenberg), comme il n’était sans doute pas imaginable qu’il reprenne le patronyme quelque peu allemand de sa famille paternelle. Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg au sortir de la guerre aurait fait un peu désordre !
Sa descendance en ligne masculine s’appelle Mountbatten-Windsor et non Mountbatten.
Enfin, pour couronner le tout, il dut assister sans broncher à l’étalage des frasques de ses enfants.
Une vie de devoir.

Une vie à avaler des couleuvres, diront les langues de vipère. Peut-être, mais au moins, ça ne se voyait pas. Et ça, c’est la classe ! À l’heure où un ongle incarné de Nabilla peut faire vendre du papier et se suicider toute une nuée de papillons au Japon, on se dit que le sens de l’Histoire a peut-être raté quelque chose... Mais je m’éloigne de mon sujet.

Au final, le prince Philip ? Une vie au service discret de Sa Majesté !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:02.
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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