[Point de vue] En voile et en string : les nouvelles conversions à l’islam

Capture d'écran
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Dénudées ou voilées, ces influenceuses, ex-starlettes de la télé-réalité converties à l’islam, cumulent des millions d’abonnés et dictent les comportements à une jeunesse zombie.

Nul n’ignore combien les lois de l’imitation et de la ressemblance sont au cœur de la reproduction sociale. Les hommes le savent depuis au moins Aristote et sa fameuse mimèsis. Ils se modèlent les uns sur les autres, comme des calques – par ondulations, disait le grand sociologue Gabriel Tarde. D’ordinaire, ils épousent le modèle dominant et s’y conforment. C’est un peu comme cela qu’a longtemps fonctionné l’assimilation en France, jusqu’à ce que le droit à la différence et les politiques dites de reconnaissance viennent en dérégler la mécanique. Mais l’homme est ainsi fait qu’il ne saurait se soustraire aux lois de l’imitation. Ce qui a changé, en revanche, c’est le modèle dominant. Ce n’est plus l’indigène français qui le fixe mais le colonisateur. Ainsi l’assimilation fonctionne-t-elle toujours aussi bien, mais à l’envers. Ce que donne à voir le phénomène des conversions à l’islam. Combien de divisions ? Depuis une dizaine d’années, on avance paresseusement toujours le même chiffre douteux : plus ou moins 100.000 convertis.

Jusqu’aux années 1980, ces conversions concernaient une élite en quête de spiritualité ou d’orientalisme, à l’instar de René Guénon et Maurice Béjart. Les conversions se faisaient au cas par cas. Aujourd’hui, elles sont collectives, comme au temps du Bas-Empire, quand les peuples vaincus adoptaient la religion du vainqueur. Jusqu’à il y a peu, c’était surtout visible dans les banlieues, où une jeunesse acculturée embrassait la foi islamique pour se plier au modèle dominant. On la retrouvait sur les terrains de football ou en prison.

Cosmétique de l’islam

Mais tous ne choisissent pas l’État islamique, ils sont de plus en plus nombreux à lui préférer la finance islamique et ses paradis fiscaux émiratis. Sur l’atlas de la charia et du bling-bling, La Mecque est désormais à Dubaï et Instagram est son prophète. Le sociologue américain Mike Davis avait déjà décrit ce monde dans Le Stade Dubaï du capitalisme (2007) – celui de la version climatisée de l’islamisme, dans les pays du Golfe, où une ribambelle de bimbos siliconées de la télé-réalité, fraîchement converties, se réinventent une vie épicée aux couleurs des Mille et une nuits. Influenceuses ou influvoleuses, ces « ex » des « Marseillais », des « Ch’tis », des « Anges », de « Secret Story » ont toutes succombé aux charmes de l’« arab-fishing » et de l’« islam-fishing » (le fait de jouer sur une identité arabo-musulmane pour attirer des abonnés). Derrière la conversion, c’est aussi la quête mimétique d’une arabité fantasmée qui passe par la ressemblance physique.

Le propre de ces néo-musulmanes, c’est qu’elles se ressemblent toutes, empruntant leurs traits redessinés par la chirurgie esthétique à Kim Kardashian et à Nabilla. Faux cils, faux ongles, mêmes implants de pommettes, même chirurgie du nez, mêmes lèvres pulpeuses. Il y avait les Clodettes, voici les clonettes, fabriquées en série selon les standards cosmétiques de la société du spectacle. Elles ont troqué leurs robes moulantes pour des djebbas amples et sexy. Difficile de distinguer chez elles la chahada, la profession de foi en Allah, du cha-cha-cha. C’est la génération string voilé. On avait pris l’habitude de les opposer ; or, voici que le string et le voile ne forment plus qu’une seule et même panoplie réversible parfaitement assortie au clinquant de Dubaï. Après la télé-réalité, la télé-prédication ; avec la télé-prédication, le télé-achat.

Les réseaux sociaux, nouveau téléphone arabe ?

Des noms ? En voici quelques-uns, tous enfants de la télé-réalité, tous convertis, tous macro-influenceurs installés à Dubaï, sauf Marine El Himer, au Maroc, qui apparaît tour à tour voilée et dénudée (1,6 million d’abonnés sur Instagram) etDylan Thiry, ex-Koh-Lanta, lui, qui traîne quantité d’affaires. Il faisait des lives avec un imam où des jeunes filles se convertissaient (1,5 million d’abonnés sur Instagram).

Les autres ? Milla Jasmine, de son vrai nom Marie-Charlotte Germain, qui fête aussi bien Halloween que le ramadan (3,2 millions d’abonnés sur Instagram). Sa sœur s’est également arabisée : appelez-la Safia et non plus Gwendoline Germain. Sarah Lopez (1,6 million d’abonnés). Marc Blata, marié à Nadé Blata, surnommés « les Balkany de Dubaï » : 4,2 millions d’abonnés sur Instagram (jusqu’à ce que le compte des Blata, accusés d’escroquerie, soit supprimé). Fidji Ruiz, de son vrai nom Zohra Fidji Micheline Ruiz (2,1 millions d’abonnés sur Instagram).

Plus que du « business », ce que les hommes achètent depuis la nuit des temps, c’est de la puissance. Or, la puissance est islamique. C’est ainsi, du moins, que le perçoit une jeunesse zombifiée. « La Grèce conquise a conquis son farouche vainqueur », disait le vieil Horace. Nous, c’est l’Europe colonisée par ses anciennes colonies. Mais notre Athéna s’appelle Fatima ; et Homère, c’est Omar. Pas dit qu’on ait gagné au change.

François Bousquet
François Bousquet
Rédacteur en chef d’Éléments et directeur de la Nouvelle Librairie

Vos commentaires

25 commentaires

  1. 100.000 convertiEs à l’Islam Hollywoodien ? Le masochisme féminin en marche , Macron en tête comme le Petit Cheval Blanc de Brassens . Vivement l’éclair blanc !

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