[Point de vue] C’est la police qu’on assassine

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Depuis quelques mois, dans le secret le plus total, le directeur général de la police nationale, sous le regard bienveillant et complice de Gérald Darmanin, concocte une de ces réformes diaboliques dont notre haute administration a le secret.

En effet, sans doute obligé, face à son piteux bilan sécuritaire, de donner des gages d’efficacité, le ministre de l’Intérieur a décidé de ressortir un vieux projet de réorganisation de la police nationale reposant sur la création des directions départementales de la police nationale.

Cette réforme, déjà mise en place il y a plusieurs décennies, avait lamentablement échoué face, d’une part, à la fronde d’une partie du corps des commissaires et, d’autre part, parce qu’elle s’était révélée totalement inefficace et déconnectée des réalités.

Face à l’explosion de la criminalité et de la violence quotidienne que l’on observe aujourd’hui, nos grands tacticiens de la place Beauvau ont donc décidé de répondre en sacrifiant tout simplement la police nationale sur l’autel du politiquement « vendable ».

Ainsi, après avoir sacrifié les renseignements généraux, il y a quelques années, sous prétexte de modernisation et d’efficacité, c’est maintenant au tour de la police judiciaire d’être bradée et démembrée alors même que l’on sait, d’ores et déjà, que ce sacrifice n’améliorera en rien la sécurité des Français.

Bien plus : service d’excellence s’il en est, la police judiciaire, dans le cadre de la réforme envisagée, rejoindra pour y être fondue un service généraliste (la sécurité publique) qui aura tôt fait de l’étouffer et dont les résultats en matière de lutte contre la délinquance ne seront pas améliorés pour autant.

Face à l’heure des grands défis sécuritaires tels que le terrorisme, la criminalité organisée, les violences urbaines ou la lutte contre les flux migratoires illégaux, il est évident que ce n’est pas par la confusion des genres et des missions que des solutions seront trouvées. Au contraire, c’est par la réorganisation et le développement des filières, leur professionnalisation et l’amélioration des formations que seront résolues les grandes crises que notre pays traverse en matière de sécurité.

Grande direction nationale de la sécurité publique déployée au niveau des régions, des départements et des circonscriptions de police, police judiciaire directement rattachée au ministère de la Justice, organisation du maintien de l’ordre au niveau national et zonal, redéfinition des missions et réorganisation de la chaîne hiérarchique policière sont, en réalité, les pistes à suivre.

Mais pour cela, il est grand temps de sortir des slogans politico-sécuritaires que l’on nous sert depuis trop longtemps, pour élaborer une vraie politique nationale de sécurité. Mais Macron, Darmanin et leur acolyte Dupond-Moretti en sont bien incapables.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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