Plusieurs médias américains interrompent l’allocution en direct de Donald Trump

Capture d'écran
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À en croire un vieil adage, les USA seraient le pays de tous les possibles. Voilà qui est tout, hormis exagéré, les derniers rebondissements de l’élection présidentielle ayant démontré que même l’impossible demeure là-bas possible. Ainsi, ce jeudi 5 novembre, alors que Donald Trump s’adresse au peuple américain à la télévision, il est tout bonnement coupé au bout de quarante secondes par la chaîne MSNBC. Et Brian Williams, son présentateur, d’affirmer : « Bon, nous voilà encore dans la position inhabituelle de devoir non seulement interrompre le président des États-Unis, mais aussi de corriger le président des États-Unis. »

Dans la foulée, ABC et CBS cessent la retransmission. Seule CNN continue de diffuser l’allocution présidentielle, tandis que Jake Tapper, son journaliste vedette, juge opportun de déclarer : « Quelle triste nuit pour les États-Unis d’Amérique de voir leur président faussement accuser les gens d’essayer de voler l’élection. »

En effet, voilà ce que dit Donald Trump avant d’être censuré par les télévisions d’un pays dont il est pourtant censé être le premier des citoyens : « Si vous comptez les votes légaux, j’ai gagné facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de voler les élections. »

Il est un fait que la fraude électorale à grande échelle est une vieille tradition locale. En 2000, Al Gore, le candidat démocrate, l’apprend à ses dépens, lors de fraudes massives et manifestes en Floride. Les républicains ayant triché, les médias locaux s’en sont bruyamment et à juste titre indignés sans que personne ne hurle au complotisme.

En revanche, les mêmes médias sont autrement plus discrets, en 1960, quand les démocrates bourrent les urnes contre Richard Nixon, permettant ainsi la victoire de John Fitzgerald Kennedy. Il est vrai que le candidat républicain, fils d’épicier, est nettement moins glamour que la dynastie Kennedy. Bref, les médias, le monde de la culture et les caciques politiques n’ont alors que mépris pour celui qu’on soupçonne de populisme. Il y a là comme un air de déjà-vu…

La preuve en est qu’après avoir été réduit au silence télévisuel, Donald Trump continue de dénoncer « les grands », « les grands donateurs, les grands médias, les GAFA et les grands réseaux sociaux », sans oublier les instituts de sondage coupables, selon lui, « d’ingérence électorale dans le vrai sens du terme par de puissants intérêts spéciaux ».

Mais au-delà des rituels cris d’orfraie des humanistes professionnels, y a-t-il eu fraude ou non ? On est en droit de se poser la question. Il y a tout d’abord des révélations du New York Post, accablantes pour le camp démocrate et sa manière toute particulière de traiter ces fameux votes par correspondance. On notera que Joe Biden, peut-être de manière involontaire et « maladroitement » (Le Parisien), donne personnellement corps à ces soupçons, affirmant le même jour : « Nous avons mis en place, je pense, la plus large et la plus inclusive organisation de fraude électorale dans l’histoire de la politique américaine. »

Pour Nicole Bacharan, politologue franco-américaine citée par France Info, la phrase serait « sortie de son contexte ». Mieux, il s’agirait d’un simple « lapsus » : « Joe Biden, quand il était enfant, était bègue », poursuit-elle. Bègue peut-être, mais de Richard Nixon en Al Gore, c’est malgré tout l’Histoire qui se répète.

En attendant, l’homme censé être le plus puissant du monde se trouve publiquement humilié par ce quatrième pouvoir en passe, si ce n’est déjà fait, de devenir le premier, fort de ses liens étroits avec le pouvoir économique. C’est-à-dire que des personnalités non élues ont désormais plus d’autorité que celui qui tient la sienne de la volonté populaire.

Sans aller jusqu’à évoquer un putsch contre la démocratie, on reconnaîtra qu’il y a là comme un certain cousinage ; si ce n’est un cousinage certain.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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