Plus de diversité et d’Europe à France Télévisions

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L’info vient du Monde. Le quotidien relate qu'une partie de la rémunération des rédacteurs en chefs de France Télévisions varie, non pas en fonction de la qualité des contenus proposés ou des audiences réalisées. Non pas non plus en fonction de l’originalité de l’angle traité, ni du choix de la personnalité invitée ou de la pertinence des sujets proposés.

Non, un bon rédacteur en chef, selon les « objectifs » fixés, c’est celui qui commande à ses journalistes plus de sujets sur la diversité, la visibilité, l’outre-mer et l’Europe… Concernant l’outre-mer, ce qui est assez amusant, c’est qu’il existait déjà la chaîne France Ô. Faute d’audience suffisante, elle n’est plus diffusée depuis le 1er septembre dernier. Mais qu’à cela ne tienne, « France Télévisions s'est engagée aussi à accorder une place plus importante aux programmes ultramarins sur ses autres antennes », précise le site vie-publique.

La question de la diversité n’est pas nouvelle et figure parmi les « engagements sociétaux » de France Télévisions. Ainsi, pour « favoriser l’égalité et la représentation de la diversité », la société nationale s’investit donc dans « la promotion de la diversité sociale et la lutte contre toutes les discriminations, la prise en compte du handicap, l’égalité de traitement de tous les collaborateurs de l’entreprise, l’égalité hommes-femmes et la lutte contre l’homophobie ». Le message ne peut être plus clair quant aux causes soutenues par notre redevance télévisée.

Quant à la question de l’Europe, le sujet ne semble pas faire rêver les téléspectateurs, à en croire cette déclaration de Clément Beaune. Le secrétaire d’État aux Affaires européennes demandait, en audition à l’Assemblée nationale, de « renforcer les mécanismes qui conduisent nos chaînes publiques à parler davantage d’Europe […] Cherchons tous les moyens possibles de contrainte ou de pression pour arriver à cela », ajoutant même que c’est « une obligation de service public ».

Cher compatriote installé confortablement dans ton canapé, l’Europe tu aimeras, Ursula von der Leyen tu suivras, la directive Bolkestein tu estimeras et les aventures des technocrates de Bruxelles tu ne manqueras pas. Car les JT ne consacrent que 2,7 % de leurs sujets à l'Union européenne, ce n’est pas assez, il ne faudrait pas que le téléspectateur s’intéresse à la souveraineté des nations. Et dire que la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne, le premier semestre 2022, tandis qu’Emmanuel Macron se présentera à sa propre succession, permet de mieux comprendre cette affirmation de Clément Beaune sur son sujet de prédilection : « Ce n’est pas des affaires étrangères ou des affaires lointaines […] c’est un sujet extrêmement politique... »

On aura beau deviser sur les règles de neutralité politique dans le service public de l'audiovisuel, puisque la société France Télévisions est seule « chargée de définir les orientations stratégiques, de coordonner et de promouvoir les politiques de programmes et l'offre de services » et que le CSA doit garantir « l'indépendance et l'impartialité du secteur public de la radio et de la télévision ». En réalité, les rédacteurs en chef seraient donc rémunérés en fonction des sujets appréciés par l’Élysée ? C’est aussi à cela doit servir notre redevance télévisée...

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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