Patrick Jardin : « Cinq ans après le Bataclan, je survis. Ma fille me manquera jusqu’à la fin de ma vie »

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Le 13 novembre 2015 avaient lieu, à Paris et Saint-Denis, plusieurs attaques islamistes, tuant 131 personnes et en blessant 350 autres - les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.

Cinq ans après, Boulevard Voltaire donne la parole à Patrick Jardin, qui a perdu sa fille Nathalie, qui travaillait au Bataclan. Il a publié Pas devant les caméras ! (Presses de la délivrance) en hommage à sa fille.

Cela fait cinq ans que votre fille Nathalie vous a quitté. Elle travaillait au Bataclan, ce 13 novembre 2015, et fait partie des victimes de cet attentat islamiste. Cinq ans après, on imagine que vos pensées vont toujours vers elle ?

Oui, bien sûr, c’est même quotidien. Je me lève avec son image dans mes pensées et je me couche également avec son image dans mes pensées.

 

Cinq ans après, parvenez-vous à faire votre deuil ?

Je ne sais pas exactement ce que signifie « faire son deuil » puisque je ne pense pas que l’on puisse se remettre d’un tel drame. Ma fille me manquera jusqu’à la fin de ma vie. Je continue à vivre et je survis. Je connais d’autres personnes qui ont perdu leurs enfants, pas dans les mêmes circonstances, mais c’est pareil. Lorsqu’ils approchent de la date anniversaire de ce deuil, ils sont complètement retournés. On n’est pas programmé pour perdre un enfant. On est programmé pour partir avant ses enfants. On peut être veuf, orphelin, mais aucun mot ne peut décrire d’être sans enfants.

 

Vous avez publié un livre intitulé Pas devant les caméras ! Pourquoi avoir voulu vous exprimer publiquement sur ce deuil atroce ?

Tous les médias me ferment la porte parce que je ne fais pas partie de la bien-pensance actuelle.

Pour m’exprimer, il fallait que j’écrive un livre. On a tellement caché de choses au peuple français au sujet de ces attentats qu’il fallait que je rétablisse un peu la vérité. Je n’ai aucune promotion médiatique. Dans les ventes de livres sur Amazon, je suis devant celui de Nicolas Sarkozy, j’en ai beaucoup de fierté.

 

Certains vous reprochent de faire des amalgames et que vos propos risqueraient d’attiser la haine envers la communauté musulmane.

Quand j’étais jeune, je vivais dans un quartier musulman. On n’avait jamais aucun problème et on jouait au football avec Brahim et Mohammed. On était surveillé par des mamans arabes. Elles surveillaient aussi bien les Français que les Arabes. À l’époque, il n’y avait pas de prières de rue, pas de djellaba, pas de niqab. Tout le monde vivait bien ensemble. Je n’ai aucun problème avec les musulmans. En revanche, j’ai des problèmes avec ceux qui tuent. On n’arrive pas à faire le distinguo entre ceux qui tuent et ceux qui ne tuent pas. Ceux qui ne tuent pas ne prennent jamais la parole en disant « Ça suffit, on vit bien en France, on ne veut plus de tous ces islamistes qui tuent et qui foutent le bordel ».

 

Il y a quelques jours, Manuel Valls appelait les musulmans à se lever tous ensemble pour dénoncer ces criminels.

Je ne porte pas Manuel Valls dans mon cœur. Bizarrement, je vois que M. Valls a retrouvé tous ses sens pour lutter contre l’islamisme. C’est très bien, mais lorsqu’il était au pouvoir, qu’a-t-il fait ? Rien ! C’est un peu facile de dire cela lorsqu’on n’y est pas. Et lorsqu’on y est, on ne fait rien.

 

Menez-vous ce combat-là pour votre fille ou pour la liberté ?

Je le mène pour ma fille, mais malheureusement, je ne pourrai jamais la faire revenir. Je veux éviter que cela continue. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai lancé un appel. Depuis l’attentat du 13 novembre 2015, on a perdu 269 Français.

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