On allait voir ce qu’on allait voir : en démissionnant de la présidence du Parlement européen au début de l’année, le socialiste Martin Schulz - Papa Schulz, pour les Kameraden du SPD - devait être le sauveur du parti social-démocrate qui, aux législatives de septembre, allait détrôner Angela Merkel. Balai neuf balaie mieux, dit un proverbe allemand. Mais voilà que face à Mutti Merkel, l'effet Martin Schulz fait "pschitt", par trois fois aux élections régionales : après la Sarre le 26 mars et le Schleswig-Holstein le 7 mai, c’était au tour de la Rhénanie-Westphalie-du-Nord, ce 14 mai, de donner la victoire à la CDU, l’Union chrétienne-démocrate de la chancelière Angela Merkel.

Mais où est passée la "Schulzmania" ? se demandait ce lundi la presse allemande, après la lourde défaite du SPD aux élections régionales. Et pourtant, Martin Schulz, encensé par les médias à son retour, faisait figure de sauveur inespéré. On voyait son sourire radieux partout : sur les plateaux de télévision, à la une des journaux. On y louait son ambition à toute épreuve, son énergie communicative… Nouveau venu dans la politique nationale, Papa Schulz était devenu la coqueluche des dîners en ville et des bobos. Sa cote de popularité montait en flèche et, dans les sondages, la social-démocratie de papa reprenait des couleurs. Cela ne vous rappelle rien ?

Mais les Allemands, dans leur immense sagesse, se sont rendu compte très vite que les socialistes n’avaient pas changé et qu’à six mois des législatives, le nouveau patron des sociaux-démocrates allemand avait peut-être conquis les militants de son parti, mais pas encore une majorité d'électeurs. La CDU/CSU a utilisé cette situation pour dénoncer l’alliance du SPD avec les anciens communistes et se repositionner à droite. Angela Merkel en a profité pour faire taire les critiques dans son propre parti qui lui reprochaient la « social-démocratisation » de sa politique. Et de mener campagne sur un thème cher à la démocratie-chrétienne depuis Adenauer : "Keine Experimente." La CDU a réussi en quelques mois à désacraliser le "sauveur Martin Schulz" en mobilisant son électorat, et notamment les abstentionnistes.

Comme quoi il ne faut jamais désespérer en politique. Les électeurs sont, certes, versatiles, mais aucune "aventure", victoire ni défaite, d’ailleurs, ne paraissent irréversibles.

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16 mai 2017 à 14:39

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