On vit une époque de jobastres

Fou_regardant_à_travers_ses_doigts_(Cassel)

Jobastre, jobard, fada, bobé, tarabé, bredin, pilon, abruti, dingo, siphonné, tracassé, traluqué : les termes désignan, dans toutes nos régions de France, les malades du ciboulot ne manquent pas, mais aujourd'hui, les anciens idiots du village semblent devenus la norme dans une vie publique qui ressemble plus aux jardins d’un asile d’aliénés qu’à l’ancienne agora des Athéniens.

Une folie douce s’est emparée de notre pays, que nos médias avides de nouveauté se plaisent à répercuter avec ce sérieux pour relater les pires inepties qui les caractérisent.

Et dans cette nef des fous où ils semblent s’être embarqués, il n’est pas injuste de dire que les écologistes, et leur électeur ou élu de base, à savoir l’écolobiobobo des grandes métropoles, espèce nouvelle qui croit que les poules ont des dents et que les ânes volent, font figure de proue et montre la voie d’un progressisme sans fin ni frontières. On les a vus s’en prendre au sapin de Noël, au Tour de France, plus récemment aux rêves d’avion ou aux bateaux à voile, polluants et sans doute fascistes ; et proposer le remplacement des centrales nucléaires par des centrales à charbon qui polluent cent fois plus, par des éoliennes qui marchent quand il fait du vent ou par des panneaux solaires qui produisent de l’énergie pour se chauffer quand il fait soleil. Avec, pour résultat, de devoir acheter l’électricité à d’autres qui polluent à notre place. Pris d’un féminisme paranoïaque, ils ont adopté l’écriture inclusive, laquelle, sous prétexte d’instaurer l’égalité hommes-femmes, devient parfaitement illisible à tous.

Les nouvelles féministes ne sont pas en reste. Ainsi, des clitoris géants sont arborés à la moindre occasion, comme récemment sur la place du Trocadéro. Manque plus qu’on installe un pénis transcendantal en haut de la tour Eiffel. Cependant, on voit ces mêmes féministes enragées qui traitent les hommes d’oppresseurs et de patriarches défendre voiles et tchadors, et militer pour que les piscines accueillent paritairement femmes en bikinis ou burkinis. Et d’anciens trotskistes pourfendeurs de la religion opium du peuple prôner la construction de mosquées et soutenir l’obscurantisme islamique.

Le sociétal est partout, devenu le lieu du progrès : mariage pour tous, PMA, GPA, trouples divers, les militants d’une égalité devenue névrotique veulent la séparation du genre et du sexe, l’homme qui se déclare femme, la femme qui s’affirme homme, et la mère devenue personne en état de grossesse. Le droit à la différence s’est noyé dans le culte de la diversité et des minorités, jusque dans les films où des quotas de Noirs colorient les anciens personnages blancs.

Pour expier les prétendus crimes de leurs ancêtres, nos compatriotes doivent vivre dans le repentir et demander pardon à genoux pour tous les épisodes honteux de notre Histoire, réécrite par l’idéologie et dont on se demande ce qu’il en reste, au vu des programmes scolaires.

Et par-dessus tout, l’obsession culminante, l’idée fixe : le racisme, que l’on voit partout. Le moindre mot vaut d’en être taxé. Les romans sont débaptisés. L’adjectif « noir » est tabou. Toute expression le contenant est raciste. On compte le nombre de Noirs et de Blancs dans les salles de spectacle. Et face à tant de stupidité, on ne peut même plus broyer du noir.

Ainsi se développe un nouveau totalitarisme, encore pire que les précédents, avec son homme nouveau, unique, sociétal, un homme/femme uniforme, unisexe, monochrome, paritaire. Bientôt, la science produira un humanoïdo-termite dans lequel toute différence sera abolie.

Pour résister à tant de folie, il ne nous reste que le rire. Mais la tâche est rude. Car l’ancien tarabé, l’idiot du village, s’est transformé et multiplié en bobos progressistes des villes !

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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