Ne serait-il pas temps de relancer le débat sur l’exploitation des hydrocarbures en France ?

gaz de schiste

Alors que les prix du gaz et des hydrocarbures en général sont en train de flamber, la question de l’exploitation des hydrocarbures présents dans notre sous-sol n’est jamais abordée. Pourtant, selon un rapport commandé en 2012 par Arnaud Montebourg, « l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste en France pourrait rapporter entre 103 et 294 milliards d'euros sur 30 ans et créer 225.000 emplois, soit un gain de croissance de 1,7 % par an sur cette période ». Avouez que ça vaut le coup que l’on s’y attarde !

Après la Pologne, la France serait le pays le mieux doté en gaz de schiste en Europe. Seulement, sous la pression des organisations écologistes, ce dossier a été vite enterré par une loi votée en 2011 pour en interdire l’exploitation. Dans le même temps, nous allons être contraints, probablement, d’importer du gaz américain obtenu par l’exploitation des schistes. Concernant ces organisations écologistes, dans un article de 2014 pour le journal The Guardian, le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen affirmait : « J’ai rencontré des alliés qui peuvent rapporter que la Russie, dans le cadre de ses opérations sophistiquées d’information et de désinformation, s’est engagée activement auprès de soi-disant organisations non gouvernementales – des organisations environnementales travaillant contre le gaz de schiste – pour maintenir la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe importé. »

Pourtant, en 2013, un rapport de l’Académie des sciences se prononçait clairement pour développer la recherche pour l’exploitation de ces ressources, afin « d’évaluer et réduire l’impact environnemental d’une éventuelle exploitation ». La même année, un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques rédigé par MM. Jean-Claude Lenoir, sénateur, et Christian Bataille, député, concluait, entre autres, que « la France doit encourager la recherche pour définir une méthode respectueuse de l'environnement qui donnerait à notre économie une respiration pour mieux répondre à nos besoins pour les prochaines décennies en pétrole et en gaz et desserrer le nœud coulant d'importations de plus en plus lourdes à supporter. À l'issue de leurs travaux, vos rapporteurs estiment que l'exploration et l'exploitation des gisements non conventionnels d'hydrocarbures sont un processus maîtrisable. De nombreuses pistes existent, s'agissant tant de l'amélioration de la fracturation hydraulique que de l'emploi de méthodes différentes. » Leurs conclusions faisaient suite à des déplacements réalisés aux États-Unis où ils s’étaient rendu compte que les méthodes d’exploitation étaient bien moins archaïques et dangereuses pour l’environnement que ce que la presse en rapportait.

Rappelons qu’en France, en 2017, Élisabeth Borne et Bruno Le Maire, alors ministres respectivement de la Transition écologique et de l'Économie, ont fait voter une loi qui interdit la délivrance de tout nouveau permis de recherche d’hydrocarbures. Rappelons aussi que ce même Bruno Le Maire, aujourd’hui encore ministre de l’Économie, « appelle tous les Français à “faire un effort” sur leur consommation de chauffage ». Quand reviendra-t-il à la raison ?

Marc Le Menn
Marc Le Menn
Ingénieur en physique-instrumentation, docteur en électronique, auteur de nombreuses publications scientifiques, travaille dans un établissement public dédié aux sciences de la mer

Vos commentaires

59 commentaires

  1. ah non !!! c’est pas bien ça …! exploiter les hydrocarbures ? ceux qui les utilisent sont déjà des vilains ennemis de la planète ; alors pensez , si on se mettait à les produire….ce serait une hystérie de plus ….

  2. A supposer qu’un gouvernement veuille le faire, il n’y arriverait pas car se trouverait en butte à une levée de boucliers insurmontable. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en plaigne, c’est comme ça. Or la bonne politique c’est l’art de faire ce qu’on peut mettre en oeuvre, pas forcément tout ce qu’on souhaite. Du coup pour restaurer notre indépendance énergétique, je suis plutôt pour la relance du programme nucléaire, et la conversion de tout ce qu’on peut au tout électrique.

  3. De la stupidité de littéraires et de juristes sortant de l’ENA ou de sciences politiques, ne pas exploiter notre gaz de schistes ce qui ne produit aucunes pollutions écologique et donc ruiner la France et son industrie tout en achetant du gaz de schistes aux américain prouve leur absence totale de bon sens. Quant à Lemaire il ferait mieux de la fermer plutôt que débiter des inepties, il n’y pas de danger qu’il manque de chauffage cet individu et à nos frais.

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