Le pape François est têtu, cela se voit rien qu’à son regard. Parmi ses quelques défauts, il ne s’embarrasse pas de diplomatie. Autant dire qu’il s’en moque autant que Jésus-Christ chassant les marchands du Temple. Alors les petitesses républicaines (et laïques) de la France, il n’est pas du genre à y céder.
À propos de diplomatie, le régime de Paris a fait preuve, envers le Vatican, d’une finesse inhabituelle : nommer un ambassadeur catholique et homosexuel pour représenter la France auprès du Saint Père, il fallait y penser. Et le Quai d’Orsay y a pensé. Dire qu’on raillait - à juste titre - le petit Douste-Blazy à qui le costume de ministre des Affaires étrangères allait aussi bien qu’un tutu à un moine… Même lui aurait compris l’incongruité d’une telle nomination.
Enfin ! La France a déjà un lourd passif envers les catholiques, dont les clercs ont un peu trop tendance à oublier qu’ils ont subi une véritable persécution à la charnière du XIXe et du XXe siècle. La France se vautre dans un antichristianisme pitoyable qu’elle appelle pudiquement « laïcité » pour mieux dissimuler sa gêne face aux musulmans. La France, qui se déchristianise toujours à une vitesse inquiétante, est de plus en plus divisée contre elle-même : d’un côté les indifférents, de l’autre des catholiques de moins en moins nombreux mais de plus en plus conscients de l’urgence. La France interpellée par Jean-Paul II - et avec quelle vigueur ! - en 1980 renie chaque jour les promesses de son baptême. Et comme l’écrivait Denis Tillinac la semaine dernière dans Valeurs actuelles, "tous nos hommes politiques doivent comprendre que le baptême de Clovis est consubstantiel à l’âme de la France".
Ce régime de Paris provoque délibérément les catholiques depuis 2012 ; le gouvernement Fillon avait commencé avec l’introduction de la théorie du genre dans les programmes scolaires. Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur attachement à l’institution du mariage. Le gouvernement n’en a cure. Taubira, Peillon, Vallaud-Belkacem ministres ; le Conseil constitutionnel renouvelé dans un sens ô combien socialiste au moment de la loi Taubira ; l’acharnement à détruire tout ce qui reste visible de notre civilisation chrétienne, tout ce qui imprègne notre culture, notre façon de vivre, nos réflexes ; tout cela est l’œuvre d’un gouvernement viscéralement athée, intimement convaincu de la grandeur de sa mission : créer un homme nouveau.
Rien n’aura été épargné à notre pays. Et, comme ultime provocation, la nomination de Laurent Stefanini comme ambassadeur auprès du Saint-Siège. La provocation de trop, celle à laquelle le pape ne pouvait pas ne pas répondre. Il l’a fait d’abord par un long, un très long silence, en n’accréditant pas le diplomate. Puis, parce que Paris faisait semblant de ne pas comprendre, en exprimant clairement son désaccord. Mais François est un homme de charité : il a reçu Stefanini, et lui a dit qu’il n’avait rien contre lui. Mais que la nomination, dans ce contexte, d’une personnalité qui ne cache pas son homosexualité, par un gouvernement dont l’hostilité à l’encontre de l’Église est connue, n’est tout simplement pas acceptable. Que pouvait-il faire d’autre ?
C’est sans doute avec peine que le Saint-Siège a refusé son accréditation, car ce refus ne peut que blesser l’intéressé. Les qualités personnelles de monsieur Stefanini sont sans doute grandes. Et nul ici-bas n’a à se faire juge de sa conduite, qui ne regarde que lui. Le drame est que notre société ne peut pas s’empêcher de faire la promotion d’une sexualité devenue un attribut public, quand elle relevait à l’évidence de la vie privée, intime. Nul ne demande à un ambassadeur d’être un saint, mais sa fonction lui impose a minima d’être… diplomate ! Autrement dit, ne pas heurter gratuitement ses interlocuteurs. Alors, à ce compte-là, un petit conseil à Laurent Fabius : nommer Bernard-Henri Lévy ambassadeur à Téhéran, et Dalil Boubakeur à Tel Aviv. Chiche ?
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