C'est une de ces nouvelles qui, au mieux, défilent discrètement en bas d'écran sur les chaînes censées informer. On la lit distraitement, et puis on passe à autre chose, comme tout le reste.
Jeudi dernier, Brigitte Grésy et Philippe Georges – membres de l'Inspection générale des affaires sociales – remettaient au ministre de la Propagande Najat Vallaud-Belkacem leur rapport (PDF) sur « l'égalité entre les filles et les garçons dans les modes d'accueil de la petite enfance ». Rapport de 150 pages écrit dans une langue si lourde qu'aucun être ne saurait s'y frotter sans un gros fond de perversité.
L'astuce est bien pratique car, derrière son titre gentillet et son vague objectif avoué de « lutte contre les stéréotypes dès le plus jeune âge », on ne trouve rien d'autre dans ce rapport qu'une épouvantable entreprise de formatage d'un homme nouveau.
Tout le monde a entendu parler de la « théorie du genre », ce postulat né dans des cerveaux à l'évidence malades, qui prétend qu'un homme est potentiellement une femme qui s'ignore, et inversement.
Monsieur Najat Vallaud-Belkacem y croit fermement. Pour lui ou elle – difficile de faire la différence – une fillette est le produit d'une manipulation sociale qui, par de subtiles incitations, l'enferme dans un rôle prédéterminé de future mère, sur lequel la nature n'a aucune sorte d'influence.
Pour les libérer de ce qui ressemble bel et bien à un odieux complot millénaire contre la femme, il convient donc, dès le plus jeune âge, d'agir pour que filles et garçons puissent librement choisir de devenir ce que monsieur Vallaud-Belkacem a décidé qu'ils seraient. Ainsi, sous le regard émerveillé du ministre fantôme George Pau-Langevin (Video), les petits Kevin pourront plus tard s'épanouir en tant que puéricultrices, et les petites Jennifer comme dockers ou CRS. Le monde sera alors définitivement libéré du joug patriarcal, il n'y aura plus ni homme ni femme, ou plutôt, les hommes seront des femmes à part presque entière, et les femmes, des hommes.
L'histoire serait comique si ce chantier n'était déjà très concrètement lancé en France. Outre les élucubrations de monsieur Belkacem et ses commandes de rapports qu'on imagine aussi coûteux que farfelus, l'idéologie délirante du « gender » entre peu à peu dans la législation française. Par un amendement proposé par le député PS Julie Sommaruga, la loi Peillon de « refondation de l'école républicaine » prévoit effectivement l'enseignement obligatoire de la théorie du genre dès six ans.
Les suites données au rapport remis pour la forme au ministre Belkacem sont courues d'avance : des directives seront clairement données, et les personnels de crèches formés dans le but de « libérer » les enfants de leurs « stéréotypes sexués ».
Cette théorie n'a du reste pas attendu l'arrivée au pouvoir des socialistes pour être diffusée : elle est enseignée depuis 2010 dans les lycées en cours de SVT, et certaines crèches sont déjà passées de la théorie à la pratique...
Si, pour le professeur Jean-Paul Brighelli, l'école est depuis longtemps devenue une fabrique de crétins, on peut supposer qu'elle ne tardera pas à apparaître de surcroît comme une effrayante couveuse à détraqués. Tout cela au nom de l'égalité, bien sûr : égalité du peuple devant l'imbécillité criminelle de ses dirigeants.
Reste toutefois un obstacle au projet des « genristes », obstacle que souligne le rapport Grésy/Georges : la famille. Ces familles que l'État n'hésite pas à molester lorsqu'elles défilent, unies – enfants, parents, grands-parents – le dimanche après-midi sont en effet la cause de la « dispersion de la population cible » de la propagande « genriste », comme le déplore le rapport :
« (…) Nombre d’enfants de cette tranche d’âge sont élevés quasi exclusivement par leurs parents ou un membre de leur famille (63 %, soit 1.500.000 enfants) et "échappent" ainsi à l’influence d’une action publique. »
Le totalitarisme à la française aurait donc encore quelques failles ?
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