On ne sait si c’est un reste de son éducation catholique ou une influence du Paris-Dakar, mais Jean-Luc Mélenchon a, dans ses vœux de jeudi à la presse, annoncé que « 2022 est la dernière station avant le désert ». Voilà, en tout cas, une phrase sibylline qui interroge…

Pour qui, pour quoi, le désert ? On ne sait. Peut-être que s’il décroche une nouvelle gamelle, le patron de La France insoumise envisagera de se retirer dans un lointain ermitage afin d’y méditer sur la vanité humaine. La retraite au désert, en somme…

Il semble, en tout cas – c’est lui qui l’affirme –, que le Mélenchon nouveau est arrivé. Il ne dit pas, comme tant d’autres, « j’ai changé » (pour l’instant, il a seulement changé de locaux) mais « nous devons pouvoir rétablir d’autres relations avec la presse ». C’en serait donc fini, de la « guerre implacable » menée jusque-là par son parti « contre le système médiatique ».

On se souvient que, déjà, pour la présidentielle de 2017, nous avions assisté à la mue spectaculaire de Jean-Luc Mélenchon. Question spectacle, nous avions en effet été gâtés : nouveau look écolo chic, costumes de garde-chasse en velours côtelé, vestes de grosse toile mi-charpentier mi-costume Mao, bilocation par hologramme et communication très affûtée. Cette fois, c’est un changement de décor : Covid oblige, pas de racolage sur le port de Marseille mais de beaux locaux dans le Xe arrondissement de Paris, à proximité de la gare de l’Est.

Pour l’ultime tentative vers la marche suprême, il ne reste plus, à Mélenchon, qu’une solution : faire ami-ami avec les médias. Ça n’est pas gagné non plus… Déjà, Libération ironise : « La crise sanitaire impose ses règles : l’insoumis est à l’étage et les nombreux journalistes dans une pièce un cran plus bas. […] Dans son nouveau local, le député des Bouches-du-Rhône a des mots doux envers nous. Il souligne l’importance de la pluralité et de la liberté de ton des gratte-papier. On s’étonne un peu avec un petit sourire en coin en attendant la chute. » C’est le mea culpa qui vient. « Nous allons changer quelques-uns de nos fusils d'épaule », dit Jean-Luc Mélenchon, avant d’expliciter : « Nous avons mené contre le système médiatique une guerre implacable dont il n'est pas question de se dédire », mais « nous avons besoin d'avoir d'autres relations avec la presse ». Toutefois, qu’on s’entende bien, ce n’est « pas pour peser sur ses contenus ».

Les bons esprits diront qu’il faut en accepter l’augure, que le bonhomme s’est amendé, les années ont passé et le temps n’est plus aux gilets jaunes dont Mélenchon remontait la pendule à coucou.
« S'il vous plaît ne nous assignez pas à une idée qui ne soit pas la nôtre. Pas d'étiquette qui ne nous corresponde pas », a-t-il imploré auprès des journalistes, allusion aux affreuses accusations d’islamo-gauchisme à l’encontre de son mouvement.

On peut, toutefois, s’interroger : avec quelle presse veut-il renouer, notre Mélenchon ? Avec Le Figaro, avec Valeurs actuelles ? Mais non, suis-je bête : avec Charlie Hebdo, bien sûr, avec Le Monde, Libé, Marianne et Mediapart, sans doute, tout ce clergé de la gauche morale dont il est incompris.
Alors, il revient à Canossa, la tête couverte de cendres, pour lécher les bottes de ceux qu’il accusait, hier encore (en septembre, dans le quotidien La Provence), d’être « devenus les bagagistes de Valeurs actuelles » et de faciliter « l'escalade zemmouriste »

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15 janvier 2021 à 14:06

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