La stratégie de « catinisation » de madame Trump, lancée dès avril par les amis de Ted Cruz comme de la chaleureuse Carly Fiorina, s’était poursuivie cahin-caha, développant quelques bourgeons accessoires : les plagiats de Melania lors de son discours de la convention, ou son diplôme d’architecture de l’université de Ljubljana qu’elle n’aurait finalement pas eu.
Intervient maintenant le New York Post, soutien officiel de Trump, qui présente Melania Knauss-pas-encore-Trump dans le simple appareil d’une beauté qu’on arrache au casting. Problème ? Non! Ces vielles photos rendent, en fait, un divin service à Donald Trump : celui de changer de sujet.
Après une convention républicaine percutante, qui fit le procès de Clinton, où furent mis au pas les néocons, où il démontra son esprit d’équipe en offrant la scène aux membres de son « cabinet fantôme », où sa famille l’humanisa, bref, où il excéda les attentes, avec des sondages de sortie d’émission si extraordinaires que CNN ne les présenta que quelques minutes pour ne jamais plus en parler, Trump, « aidé » par WikiLeaks, passa d’une polémique à l’autre : son appel à la Russie sur les courriels de Clinton, sa position sur l’Ukraine, et l’affaire Khan. De violentes polémiques dont certains pensent qu’elles relèvent du pur génie électoral, et d’autres d’une totale incompétence.
Donc, ça chauffe, et un peu de nudité ne fait ici pas de mal. Pour Fortune, la publication de ces nus artistiques, d’inspiration saphique pour certains, n’a d’ailleurs aucune importance aujourd’hui : "L’Amérique a changé !" (1er août). Le journal reprend également un certain nombre de tweets de confirmation, dont celui de Patricia Arquette : "Ainsi, Melania était nue. Elle était mannequin. Alors foutez-lui la paix…" Donald Trump, pensant sans doute à son fan-club masculin, le prend bien : "Melania est l’un des mannequins ayant le mieux réussi… Ces photos étaient destinées à l’époque à un magazine européen. En Europe, ce genre de photos est très à la mode, très courant." La campagne de Trump, représentée par Jason Miller, a réagi simplement sur CNN : « [Quand] il s’agit par l’art de célébrer le corps humain, il n’y a rien d’embarrassant… C’est une belle femme !" Et lorsqu’on lui demande si Trump est « furieux », Miller de répondre, pensant sans doute aux femmes qui peinent à élever leur famille : "Je crois que M. Trump se focalise davantage sur la direction que doit prendre le pays."
Huffington y voit la main de Murdoch, propriétaire du Post. Trump et Murdoch ont eu des relations houleuses. Murdoch a été hostile aux positions trumpiennes sur l’immigration. Mais le zénith fut atteint lors de sa polémique entretenue avec la journaliste de Fox News, Megyn Kelly. Une Megyn Kelly que Murdoch a poussée contre Trump dès le début (New York Magazine, 17 mai). Alors que la plupart des journalistes à succès de Fox sont entrés en fronde contre la récente éviction de leur dieu et patron Roger Ailes, poignardé dans le dos par Kelly. Au moment où Trump songe à créer son propre groupe de médias avec son gendre Kushner. Et cela après que Murdoch a accordé malgré tout son soutien à Trump en mai dernier, faute de combattants…
Ce serait donc ainsi une vacherie économique de la part de Murdoch, contre le Trump économique… mais venant politiquement à point nommé pour le Trump politique !
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