Décidément, ce gouvernement est épatant. Il y a les têtes les plus connues dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’elles ne sont pas modèle de cohérence ; il paraît qu’il y a un chef d’orchestre dans la salle. Au moins aura-t-il redonné ses lettres de noblesse à la musique dodécaphonique.
Et puis, les obscurs, les sans-grade… Déjà entendu parler de George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargée de la Réussite éducative ? Ou de Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie ? Sûrement que non : plus fort que les galonnés mexicains, l’armée guatémaltèque !
Dès lors, pas le moindre clampin pour imaginer l’existence de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion. Au moins ces ministricules font-elles tourner l’imprimerie, sachant qu’avec leurs titres à rallonge, leurs cartes de visite doivent désormais faire figure de dépliants. Si Marie-Arlette Carlotti se plaignait, à juste titre, de son manque de visibilité médiatique, l’outrage est enfin réparé.
Ainsi, cette prétendante à la mairie de Marseille, ancienne porte-parole de Jean-Noël Guérini, édile socialiste englué jusqu’aux oreilles dans les « affaires » locales, organise-t-elle, le 4 mai dernier, un dîner-débat dans un restaurant phocéen du nom de Don Corleone. Il y a des détails qui ne s’inventent pas…
La fiesta s’annonce paisible. À Marseille, le vin se boit en pots et tant de choses s’arrangent dessous la table. Seulement voilà, même si « la mairie pour moi » est soutenue par l’Élysée, c’est « la manif pour tous » qui s’invite au banquet. Et deux militants socialistes, l’un pour le mariage homosexuel et l’autre contre, en viennent rapidement aux mains ; entre « parrains » et « marraines », quel pastis ! Le premier traite le second de « réac » ; le second estime que le premier est un « facho ». L’un des deux asphyxie l’autre à la bombe lacrymogène. D’où pugilat à coups de boule et de sacs à main et exfiltration d’urgence de la malheureuse candidate par les forces de l’ordre. Du coup, les 32 autres convives s’enfuient sans payer, abandonnant 1.120 euros de douloureuse à Alfred Mauro, patron du Don Corleone.
Un mois plus tard, le restaurateur attend encore qu’on lui règle la petite note, malgré les promesses de la ministre déléguée à ceci et cela. Laquelle estime être « convaincue d’être tombée dans un piège pour [lui] nuire ».
Fort bien : la campagne socialiste à Marseille paraît commencer sous les meilleurs augures. Alfred Mauro exige le paiement de l’addition, tandis que Marie-Arlette Carlotti porte plainte contre lui pour « tentative d’escroquerie », en attendant que l’honnête commerçant grugé retire la sienne pour « grivèlerie alimentaire ». C’est beau, la politique…
Au fait, petit conseil à destination de Marie-Arlette Carlotti : s’il est louable de lutter contre l’exclusion, il n’est pas non plus exclu de payer la note, surtout lorsque l’on met le boxon chez un restaurateur dont l’enseigne semble néanmoins emblématique des mœurs politiques locales.
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