Maroc-Algérie : l’Espagne doit clarifier sa position sur Brahim Ghali, chef du Front Polisario

brahim ghali

Le site espagnol El Noticiario a révélé, le 22 avril 2021, que le chef des séparatistes au Sahara marocain, Brahim Ghali, atteint d’un cancer puis du Covid-19, a été hospitalisé d’urgence en Espagne sous un nom d’emprunt algérien, Mohammed Benbatouche, et grâce à un faux passeport diplomatique fourni par l’Algérie.

Cet événement a provoqué une vive réaction de Rabat qui a exprimé au gouvernement espagnol sa « vive déception » et « sa déception à l’égard de cet acte contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage et qui concerne une question fondamentale pour le peuple marocain ». En tout cas, ce mauvais geste du régime socialiste espagnol conduit à se poser de nombreuses questions : pourquoi et comment Brahim Ghali a-t-il été admis en Espagne en catimini et avec un faux passeport ? Pourquoi l’Espagne n’a pas avisé le Maroc alors que l’intéressé est marocain né à Marrakech ? Pourquoi la Justice espagnole n’a-t-elle pas encore réagi aux nombreuses plaintes déposées par les victimes de cet individu ?

En effet, Ghali est poursuivi en Espagne pour crimes de guerre, torture et viol. L’un des avocats de ses victimes a demandé au Tribunal central d’instruction du royaume d’Espagne d’ouvrir une instruction sur la présence de Ghali en Espagne, de vérifier pourquoi cet individu bénéficie d’un passeport diplomatique sous un faux nom, de l’auditionner sur les faits qui lui sont reprochés et d’émettre un mandat d’arrêt contre Ghali. C’est dans ce contexte que l’ambassadeur espagnol a été convoqué au ministère des Affaires étrangères marocain, lundi 26 avril.

Par ailleurs, agissant avec le soutien de la Fédération nationale des victimes d’Espagne, dont elle est membre, l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), qui réunit les proches de plus de 300 victimes du terrorisme du Polisario, a dénoncé, le 24 avril, la décision des autorités espagnoles d’autoriser « l’entrée et l’hospitalisation illégales dans un hôpital public » d’un criminel notoire qui a assassiné des citoyens espagnols. Il ne faut pas oublier, en effet, que le Polisario est une association terroriste qui a tué des Espagnols, des Français, des Marocains et des Africains et est aujourd’hui acoquinée avec plusieurs groupes terroristes qui sévissent dans la région.

L’affaire Ghali est suffisamment grave pour avoir conduit l’Allemagne à refuser l’accès du chef séparatiste sur son territoire, mettant ainsi fin à une attitude blâmable qui avait provoqué un froid diplomatique entre Rabat et Berlin. On se souvient qu’il y a quelques années, la maladresse du régime socialiste français avait conduit à un gel des relations policières entre les deux pays et François Hollande avait dû aller à Canossa pour implorer le Maroc de reprendre la coopération antiterroriste. D’ailleurs, il est démontré depuis longtemps que le Maroc, vieille nation depuis près de treize siècles, ne se laisse marcher sur les pieds par personne. Il doit être clair pour tout le monde que si le makhzen veille à l’entente antiterroriste et sécuritaire avec les pays amis (par exemple, il vient de donner une nouvelle preuve de son efficacité en évitant un bain de sang dans une église en France), il n’admet pas qu’on lui manque de respect. Le gouvernement socialiste de l’Espagne doit savoir que s’il choisit Alger, le royaume du Maroc en tirera toutes les conséquences.

Doyen Jean-François Poli
Doyen Jean-François Poli
Universitaire, avocat

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