Manuel Valls est monté au créneau. Pour défendre Kamel Daoud et saluer sa "réflexion personnelle, exigeante et précieuse", malmenée par "le réquisitoire" d'un collectif d'universitaires brocardant, à propos de la religion musulmane, ses "clichés orientalistes éculés" responsables "d'alimenter les fantasmes islamophobes d'une partie croissante du public européen […]".
Comment l'écrivain a-t-il analysé les motivations des violeurs de Cologne et d'ailleurs, le 31 décembre 2015 ? Selon lui, c'est parce que "le sexe est la plus grande misère dans le monde d'Allah" et que "la femme [y] est niée, refusée, tuée, enfermée ou possédée". Vérités qui n'ont pas déclenché, comme à l'accoutumée quand semblables propos sont avancés par une personne autre que ce journaliste algérien, le courroux hystérique du Premier ministre. C'est même tout l'inverse. C'est "sans aucune hésitation, sans faille" que le Premier ministre lui a apporté son soutien. On en reste coi. Sauf que. C'était trop beau pour être honnête.
Si Kamel Daoud nous mettait du baume au cœur en pointant du doigt une partie peu reluisante de l'islam, le journaliste traité d'« islamophobe » se révèle en réalité un précieux soutien pour l'islamophile Manuel Valls. Et pour cause ! En novembre 2014, dans Le Point, Kamel Daoud se fendait d'une tribune dans laquelle il associait, très sérieux, le salafisme avec le Français de souche.
Puisque salafiste signifie aussi « islamiste de souche », le monsieur en déduit que le Français de souche, forcément d'extrême droite, poursuit les mêmes objectifs. En vrac : pureté des origines et continuité de la race pure, retour à un passé fantasmé d'avant la mixité, rêve de république islamique ou d'émirat gaulois - il fallait l'inventer -, les deux refusant "les outils de ce monde, les habits […]". Bref, souche et "salaf" rêvent d'un retour à "l'instant zéro du moment heureux et sublimé". Pour tout dire, des "frères jumeaux" à réagir par "l'irrationalité de la fatwa" pour l'un et "le ridicule des polémiques pour l'autre".
En fait, de la bouillie pour chats pseudo-intellectuelle. On se demande bien qui, du Français de souche ou de lui-même, se rapproche le plus d'un "torticolis", d'un "contorsionniste" ou d'un "déni"… La meilleure : il paraît même que "se réclamer de la souche, c'est qu'on a raté les récoltes, en gros". Mais en très gros, alors…
En tout cas, M. Valls est très content : Kamel "nous montre le chemin à emprunter", à savoir "qu'un musulman ne sera jamais par essence un terroriste, pas plus qu'un réfugié ne sera par essence un violeur".
"Le salafiste et le militant d'extrême droite sont la même maladie de l'époque", assenait encore le militant zélé Kamel Daoud. Alors, Manuel Valls, "abandonner cet écrivain à son sort" ? Jamais !
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